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Je m'appelle Élodie, maman de 2 garçons, victime d'accusations abusives de maltraitance suite à un diagnostic du syndrome du bébé secoué sur mon 2e garçon, après 2 malaises chez son assistante maternelle. Je suis mariée à Philippe depuis 2010, nous nous sommes rencontrés sur notre lieu de travail.
Louis est arrivé en mai 2012. C'est un adorable bébé qui a fait ses nuits dès la sortie de la maternité. Tout va pour le mieux malgré de l'asthme et des soucis concernant ses amygdales.
Marius est arrivé à son tour trois ans plus tard, après une grossesse chaotique et une prématurité. Marius est né en effet à 7 mois et demi de grossesse. Un bébé déjà combattant, avec une envie de vaincre incroyable. Malgré la prématurité, tout allait parfaitement bien, nous nous sommes adaptés à son rythme. Il a fait ses nuits rapidement, à 1 mois et demi, soit à son terme de base. Marius était, et est toujours, un bébé aux besoins intenses (BABI) qui ne se rassure que par la présence de ses parents ou de son frère.
Marius et Louis allaient chez la même assistante maternelle. Louis y allait depuis 2 ans au moment des faits, Marius depuis ses 4 mois.
1er mars 2016, à 7h45, la nounou nous appelle pour nous signaler que Marius fait un malaise, il ne se réveille pas malgré les stimulations. Nous partons directement de notre travail pour le retrouver. Nous arrivons juste après l'arrivée des pompiers. Il s'est réveillé, il est conscient mais pleure énormément. Je le rassure tant bien que mal... Louis est présent, il allait partir à l'école, il pleure dans mes bras, un pompier tente de le rassurer. Nous partons donc en direction de l'hôpital du Mans. Après différents examens, échographie de l'estomac, radio du bassin et après un simple sucrage nous rentrons à la maison. Rien de grave, disaient-ils... Marius va mieux, du moins pendant 2 jours.
4 mars 2016, je me retrouve aux urgences avec Marius. Il ne cesse de vomir, il est irritable, grognon, dort principalement dans mes bras, il est raide des jambes. Je suis paniquée parce que je ne reconnais plus mon fils... Aux urgences, une fois de plus, nous ne sommes pas pris au sérieux, un sucrage avec de l'eau et de la fraise et on rentre.
Jeudi 10 mars 2016, premier anniversaire de mon bébé. A 9h50, la nounou me rappelle, « Marius a recommencé ». Malaise plus important, il est hypotonique. Nous retrouvons les pompiers sur la route qui s'arrêtent pour que je monte avec eux. Un des pompiers déjà présent la première fois tient Marius dans ses bras, il me le tend. Marius se calme dans mes bras mais il est si raide, ne tient plus sa tête, hurle de douleur à la moindre secousse. Je craque, je pleure tellement je me sens impuissante face à sa douleur...
Arrivés à l'hôpital, nous sommes enfin pris au sérieux. EEG, scanner, prise de sang (à 5 pour le tenir tellement il avait peur), les médecins nous expliquent qu'il a un hématome dans la tête, que c'est grave, nous sommes transférés le soir même à l'hôpital Robert Debré, à Angers.
S'ensuivent alors 10 jours d'hospitalisation à Angers en neuropédiatrie, et 3 jours en réanimation suite à une crise de convulsions importante. Je suis en arrêt maladie et je reste tout le temps auprès de mon fils. Le papa alterne le travail, Louis, les allers-retours à l'hôpital. Mamie surveille Louis, impossible qu'il retourne chez sa nounou ! A Angers, nouveaux examens, IRM, scanner, fond de l'œil, EEG. Résultat, un hématome sous dural pariétal frontal droit.
Les examens effectués à l'hôpital ont mis en évidence une hydrocéphalie externe mais les médecins n'ont jamais parlé de ce sujet, nous l'avons découvert dans son compte rendu d'hospitalisation. J'ai abordé le sujet avec ma médecin traitant, effectivement il est possible que Marius ait cette maladie depuis sa naissance. Voilà enfin quelque chose de concret...
18 mars 2016, l'hôpital fait un signalement auprès du procureur de la Sarthe pour suspicion du syndrome du bébé secoué, violence sur mineur de moins de 15 ans. Le ciel nous tombe sur la tête...
Comment est-ce possible ? Pourquoi mon bébé ? C'est forcément une erreur médicale au vu des antécédents familiaux (naissance prématurée, retard de croissance important, AVC chez ses 2 tantes...). Pourquoi avoir attendu 7 jours pour faire une IRM si l'urgence était réellement présente ?!
23 mars 2016, nous sommes transférés sur Le Mans, pour rapprochement familial, enfin soit-disant. Le 26 mars 2016, Marius est placé en pouponnière. Une auxiliaire vient le chercher à l'hôpital, je m'effondre alors qu'on m'arrache mon fils ! Cette dame prend le temps de tout m'expliquer, elle me laisse Marius le plus longtemps possible, elle me raconte le déroulement mais je ne l'écoute pas, je suis si effondrée...
Lors du signalement, l'hôpital a fait une note sur notre comportement lors de l'hospitalisation, « comportement adapté et sécure », ce qui nous a permis d'avoir dès le début 3 visites d'une heure par semaine à la pouponnière.
S'ensuivent, pour tous les 3, deux audiences avec la brigade des mineurs au Mans puis une garde à vue de 9h, séparés, chacun dans une gendarmerie différente.
Avril 2016, première rencontre avec la juge des enfants, une juge froide et distante qui ne nous écoute pas. Marius est placé pour une durée de 6 mois. Je m'effondre totalement... Six mois sans mon petit bébé qui a besoin de ses parents, c'est si long...
« Presque 6 mois que tu es placé, 6 longs mois où on a jamais cessé de nous battre pour te récupérer. Chaque jour, chaque heure, chaque minute sans toi est un supplice pour nous trois. On ne cesse de penser à toi, les larmes coulent encore et toujours. Ton odeur, tes câlins, tes rires, tes caprices (?) me manquent terriblement. Ton retour progressif se passe tellement bien, nous avons hâte d'un retour définitif... Chaque départ sans toi est compliqué pour nous mais aussi pour toi. Je veux pouvoir sourire à nouveau et vivre pleinement avec mes 2 enfants parce que j'ai mis au monde 2 enfants, 2 magnifiques et courageux petits garçons... Je t'aime infiniment et bien au-delà »
Octobre 2016, deuxième audience avec la juge des enfants, elle nous a enfin écoutés, elle nous a laissé la parole librement, nous avons pu parler des différentes possibilités qui pouvaient expliquer l'hématome sous-dural. Suite à son délibéré au 6 novembre, Marius reste placé pour 6 mois supplémentaires, mais nous avons obtenu le retour de Marius à domicile, une fois par semaine, durant 3h, sous surveillance d'une TISF. Notre TISF a été super, à l'écoute, présente, objective.
16 décembre 2016, nous rencontrons la juge d'instruction qui nous place en tant que témoins assistés, ainsi que la nourrice. Les experts ont confirmé la suspicion du syndrome du bébé secoué et datent les faits au 1er mars 2016 peu avant 7h35, Marius était chez sa nounou depuis 5h15.
Nous sommes donc placés en tant que témoin assisté en attendant la contre expertise ordonnée par la juge d'instruction. Mais Marius ne rentre pas pour autant à la maison, il faut revoir la juge des enfants... Convocation au lundi 22 mai 2017... Encore des mois de perdus inutilement...
Mars 2017, nous nous sommes battus avec notre avocat. Lors de notre audience à la Cour d'appel d'Angers, nous avons obtenu le retour de Marius, tous les dimanches à la maison sans surveillance. Un premier combat de gagné.
« 13 mois que tu es placé, le combat n'est pas terminé. Je te promets de ne jamais rien lâcher. Ce combat me détruit, je me sens sale, impuissante... Je pleure ton absence. Je rêve, chaque nuit, de ton sourire, ton regard avec tes yeux si bleus. Parfois je crois t'entendre, je me réveille en pleine nuit, mais non tu n'es pas là. Il m'arrive de m'allonger dans ton lit pour sentir ton odeur, je serre fort tes peluches dans mes bras, j'aimerais tellement que tu sois là, définitivement... Mon bébé, sache que je serai toujours là pour toi. Nous t'aimons plus que tout au monde »
Lundi 22 mai, nouvelle audience avec la juge des enfants, délibéré au mardi 6 juin puis prorogé au vendredi 17 juin. Décision : Mainlevée du placement. Marius rentre enfin à la maison le vendredi 24 juin 2017 !!!
Concernant l'assistante maternelle, elle a été suspendue du 26 mars 2016 au 14 juillet 2016. Depuis mi octobre 2017, elle est de nouveau suspendue et mise en examen sous contrôle judiciaire, nous nous sommes constitués partie civile, enfin nous sommes reconnus comme victimes, enfin ! Mais nous n'avons toujours aucune explication...
Notre aîné est resté avec nous à la maison, malgré son jeune âge il comprenait très bien, nos deux enfants ont souffert de ce placement. Louis et Marius sont restés complices malgré la difficulté et l'éloignement. Des moments perdus à tout jamais, que nous n'aurons jamais vécus... Cette tragédie, malgré tout, nous a rendus plus forts et plus soudés que jamais.
Nos proches nous disaient sans cesse « il va rentrer », « vous avez vécu le plus dur »... mais quand on n'a jamais eu affaire à la justice, on ne connaît pas la réalité, et ces propos, au lieu d'être rassurants, sont destructeurs. Pendant 15 mois, je me suis renfermée sur moi-même, refusant les sorties, refusant toutes sortes de plaisirs. J'ai pris plus de 8 kilos. J'avais honte de moi, je me suis sentie salie par cette histoire, mon rôle de maman a été remis en cause, on a douté de mes capacités maternelles et j'en veux terriblement au monde entier pour cette injustice ! Une pétition a été créée pour nous aider à récupérer Marius, elle a pris de l'ampleur avec près de 300 signatures ! Des proches, des connaissances, de la famille mais aussi des inconnus touchés par notre histoire. En campagne tout se sait. Aussi, l'équipe enseignante de Louis a été super durant tout le placement, il a pu parler librement.
La justice nous salit, remet en cause notre rôle de parents. Nous sommes loin d'être parfaits, nous apprenons tous les jours à être de bons parents grâce à nos enfants mais nous faisons tout notre possible pour les choyer et les protéger. C'est difficile d'accepter de telles accusations lorsque l'on sait que l'on est innocent.
L'erreur est humaine, personne n'est parfait mais il faut accepter de se remettre en question. Des familles sont brisées par ces accusations, comment faites vous, vous les médecins et autres intervenants, pour dormir paisiblement chaque nuit alors que nos nuits sont rythmées par les cauchemars... Le médecin légiste chargé de la première expertise a mis d'avril à décembre 2016 pour donner son compte rendu ! Pourquoi autant de temps ? La contre expertise, de janvier à octobre 2017 ! Chaque jour passé à attendre était un jour de plus où Marius était loin de sa famille...
On aurait pu être innocentés beaucoup plus tôt. Aujourd'hui notre famille reste écorchée par cette terrible épreuve, il faut se reconstruire ensemble. On a frôlé la séparation, le divorce, la vente de notre maison. Mon fils aurait pu mourir, oui il aurait pu mourir, je n'oublierai jamais son séjour en réanimation, son visage inerte, ses convulsions à répétition... Peu à peu la tristesse se transforme en colère, pourquoi nous ?! Mais en réalité nous sommes des centaines de familles accusés à tort de maltraitance sur nos enfants. Nous sommes des centaines à être éloignés injustement de nos enfants pendant de longs mois.
Notre cauchemar a duré 15 mois, 15 mois atrocement douloureux où l'on n'a jamais cessé de clamer notre innocence.
Quinze mois séparés de notre fils où notre lien affectif n'a jamais cessé d'exister.
Quinze mois de combat acharné pour récupérer notre fils et tenter de prouver notre innocence, notre sincérité, notre bonne foi auprès de la justice.
Quinze mois où nous avons perdu les moments les plus précieux avec notre enfant, ses premiers pas, ses premiers mots... On nous a arraché notre bébé, on nous a volé nos moments les plus merveilleux à ses côtés.
Depuis ce vendredi 24 juin 2017, notre petit garçon est rentré, nous sommes plus que tout heureux, même si certains jours sont compliqués. Marius reste profondément marqué par ce placement abusif, nous apprenons à revivre à quatre, je me reconstruis auprès de ma famille, et il me faudra du temps, beaucoup de temps, pour réapprendre à faire confiance...
« Parce que j'ai fait de toi (vous) ma priorité sache que je donnerai ma vie pour toi (vous).
Je ne veux plus jamais te voir souffrir, je ne veux plus jamais être séparée de toi.
On m'a enlevé les 15 mois les plus importants à mes yeux, je n'oublierai jamais.
Aujourd'hui, je me reconstruis, oublier le passé pour profiter du présent, même si cela est compliqué.
Mon cœur de maman a souffert, je ne suis plus la même.
J'ai deux garçons marqués par cette épreuve et je vous promets de toujours rester à vos côtés
pour vous aider à affronter ce monde si cruel.
Je vous aime plus que tout au monde »
La maltraitance reste un fléau dans notre société, il existe réellement des parents maltraitants mais il y a ceux, qui comme nous, se démènent pour prouver leur innocence, et il faut savoir faire la différence.
Surtout, pourquoi autant de délais pour les examens médicaux et judiciaires alors qu'un bébé grandit sans ses parents ? Il a fallu 15 mois pour que notre garçon rentre à la maison ! Jusqu'à preuve du contraire nous sommes présumés innocents, or dès le début nous étions coupables aux yeux de la justice, et il a fallu 18 mois pour que cette même justice nous reconnaisse en tant que victimes ! Il a fallu 18 mois pour que nous soyons enfin innocentés ! Que fait la justice française ??