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Je m'appelle Thomas, je suis né le 9 Décembre 2015 à 9h20 trois semaines avant terme par césarienne programmée pour 3kg360 et 47 cm. J'ai déjà une grande soeur Pauline née le 22 Mars 2012 et de même papa j'ai également un grand frère Théo né le 22 Novembre 2002.
Bébé, mes parents me disent que j'étais très calme, ne me faisant entendre que pour un biberon... Ils disent même que par rapport à ma soeur cela les changeait... Je dors énormément.
Le premier Avril 2016, pendant que mon papa me donne le biberon vers 19h10, je m'évanouis dans ses bras... tout doucement... je me réveille 25 minutes plus tard dans le camion de pompiers... je suis admis aux urgences pédiatriques.
On parle d'abord de spasmes du sanglot puis on dit à mes parents que non car je suis trop petit et je n'ai pas fait de colères. On me fait une prise de sang où on voit que j'ai une gastro à rotavirus, une analyse d'urine, un EEG...
Tout est bon, les médecins pensent que j'ai dû faire un malaise suite à un RGO... Je rentre donc à la maison le 4 avril...
Le 6 avril, je suis pâle, hypotonique, je dors beaucoup et je ne fais que vomir... Mes parents me ramènent le 6 Avril et le 8 Avril chez le médecin qui continue à me soigner pour une gastro... Le 10 Avril vers 14h30 je tombe à nouveau dans les pommes lors du biberon et à nouveau dans les bras de papa... cette fois, j'ai convulsé...
Les pompiers me ramènent à nouveau aux urgences pédiatriques où on me garde en observation la nuit...
Le 11 Avril la prise de sang montre une anémie et on m'envoie au scanner... Il est 13h quand le pédiatre de ma soeur qui venait de dire à un collègue qu'il connait très bien mes parents leur annonce que j'ai un hématome sous-dural et que je vais être transféré au CHU dans la soirée...
J'arrive au CHU Nancy Brabois vers 22 heures et là le neurochirurgien annonce à mes parents que je vais être opéré d'urgence pour la pose d'une dérivation et que je vais être transfusé...
Il est minuit quand je descends au bloc et mes parents me retrouvent en réa à trois heures du matin... Je remonte en chambre le 12 avril à 17 heures.
Le 13 Avril, quand mes parents arrivent au CHU, ils sont directement reçus par une assistante sociale qui leur annonce que j'ai des hémorragies rétiniennes, que je suis donc un bébé secoué, qu'un signalement a été fait, que je suis confié à l'ASE et placé dans un premier temps à l'hôpital...
Mes parents repartent donc sans n'avoir pu me faire des bisous et des câlins dont j'aurais tant besoin car dorénavant ils n'ont le droit de me voir qu'une heure le jeudi en présence d'une éducatrice...
Le 18 Avril, mes parents sont placés 10 heures en garde à vue et ressortent libres car ils n'ont jamais été mis en examen... Lors de leur garde à vue, la personne qui s'est occupée de moi le premier Avril a également été interrogée... Mes parents croient à ce moment là que je suis réellement un bébé secoué car les médecins le disent et ils ont confiance en notre belle médecine française... Ils savent que ni l'un ni l'autre n'a pu me faire mal donc ils se disent que c'est la nourrice, ils ont l'espoir qu'elle avoue dans la journée pour que ce calvaire se termine... mais non... rien...
Le 26 Avril, mes parents sont convoqués chez le Juge des Enfants qui décide de maintenir mon placement jusqu'au 26 Juillet, donc pour trois mois, le temps de l'enquête...
Le 28 Avril, je quitte donc le CHU mais pour aller en pouponnière... Mes parents sont présents et m'accompagnent dans cet endroit... Papa a attendu dehors avec ma soeur, c'était trop dur pour lui... Maman m'a accompagné dedans... Je l'entends encore aujourd'hui pleurer, pleurer, pleurer... Je sens encore tous ses bisous et ses câlins qu'elle m'a fait en me disant d'être fort et en me promettant qu'ils allaient tout faire pour me sortir de là...
Mes parents n'ont le droit de me voir que deux heures par semaine, en visite médiatisée en sachant que le premier mois ils ne m'ont vu qu'une heure par semaine car le planning était trop chargé pour la pouponnière pour leur accorder le deuxième droit de visite...
Durant l'enquête mes parents n'ont plus jamais été ré-interrogés mais l'enquêteur a convoqué mes grands-parents paternels et maternels pour voir un peu comment étaient mes parents, qui ont dû faire une expertise psy pour voir s'ils avaient le profil du parent maltraitant, ma soeur et mon frère ont dû faire une radiographie du squelette entier à la recherche de maltraitance antérieure et une expertise médicale a eu lieu pour moi...
Le 25 Juillet, mes parents repassent donc chez le Juge des Enfants... Les rapports médicaux et sociaux sont bons mais malgré tout, l'ASE demande le maintien de mon placement tant que l'enquête pénale n'aura pas disculpé mes parents et là le Juge leur dit que l'enquête finalement disculpe mes parents... Étant donné que je suis placé jusqu'au 26, le Juge prend un délibéré jusqu'au lendemain...
Le 26 Juillet, l'avocat téléphone à mes parents pour leur dire que le Juge a rendu sa décision... J'ai enfin le droit de rentrer à la maison, c'est une décision exécutoire, donc papa et maman sont venus me chercher de suite... Ils étaient si contents ! Ils m'ont dit que leur avocat avait été extraordinaire et que c'était grâce à lui qu'ils avaient pu me récupérer...
Le Juge a quand même mis une AEMO sur un an car il trouve que maman est fusionnelle avec moi et ma sœur et qu'elle représente donc un danger pour nous en nous étouffant trop et risquant d 'éclipser papa dans notre vie...
L'éducatrice a été très gentille durant cette année et cette mesure s'est arrêtée en Août 2017...
Dans le jugement de main levée du placement, il est écrit je cite: "L'expertise médicale pratiquée sur Thomas n'a pas permis de conclure à une cause intentionnelle du syndrome du bébé secoué constatée sur sa personne" de telle manière que le parquet a procédé à un classement sans suite de l'affaire... Personne ne sait ce qui m'est arrivé, mais papa et maman ont été en tout cas innocentés...
Pourtant, quelques mois plus tard, maman a dû revoir pour une visite de contrôle l'un des médecins de l'hôpital qui avait fait le signalement. Lorsqu'elle a vu que je ne parlais toujours pas à presque 2 ans, le médecin a accusé maman de m'avoir secoué si fort que cela aurait rompu mon canal auditif, et qu'elle ne devait pas se voiler la face et assumer son crime. Après le rendez-vous, maman a pleuré, pleuré pendant des heures. Elle ne comprenait pas pourquoi on continuait à l'accuser alors qu'elle avait été innocentée par la justice...
Voilà ce que mes parents devront nous expliquer plus tard à Pauline et moi, lorsque nous serons grands...