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Mise à jour : les parents de Maël ont été innocentés par la justice au bout de six ans.
Nous sommes les parents de trois enfants, deux filles et un garçon âgés de 7, 6 et 4 ans. Nous sommes accusés à tort d'avoir secoué notre fils Maël, qui est notre deuxième enfant.
Son histoire est bien particulière. Maël est porteur d'une maladie génétique diagnostiquée durant la grossesse. Sa maladie est le syndrome de Silver-Russell et comporte différents aspects : macrocéphalie, retard staturo-pondéral, hypoglycémie, peu ou pas d'appétit nécessitant une nutrition entérale... et encore bien d'autres signes cliniques (hypotonie, reflux gastro-œsophagien...). De ce fait, Maël est né à 40 semaines avec un poids de 1 kg 590. S'en est suivie une hospitalisation d'environ un mois comme pour tout bébé de petit poids. Ses deux premières années de vie ont été compliquées et nos semaines étaient rythmées par les différents rendez-vous médicaux, prises en charge de rééducation et hospitalisations. Maël se développait bien mais avait toujours du retard.
En juillet 2012, nous avons commencé à nous apercevoir du changement de comportement de Maël (moins joyeux, regard livide). Une visite chez les médecins qui ne voient rien d'alarmant puis, d'un seul coup, son périmètre crânien qui explose. Nous avons évoqué le problème en hôpital de jour lors de son suivi. A ce moment-là, les médecins décident de faire un scanner puis une IRM.
Deux mois se sont écoulés entre les différents rendez-vous. On nous avait déjà expliqué, lors du scanner, que Maël avait des hématomes sous-duraux mais qu'il fallait d'autres clichés plus précis. Nous étions préparés à une énième hospitalisation. C'est donc sans surprise, lors du résultat de l'IRM, que nous ramenons Maël en chambre puis que nous allons chercher ses affaires dans la voiture. En revenant, Maël n'était plus dans sa chambre. Nous nous faisons attraper par deux médecins et on nous coince dans un bureau. On se souvient très bien de l'ambiance lourde et pesante à ce moment-là. On nous dit : « Écoutez, les hématomes sous-duraux font penser à un syndrome du bébé secoué, nous allons faire une enquête ».
On nous questionne encore et encore pour savoir si on l'a secoué. L'explication que nous leur avons fournie est que Maël a un petit jeu favori qui est de se jeter sur le carrelage la tête la première, que ça l'amusait et que, malgré nos précautions, il arrivait que Maël se cogne parfois malheureusement la tête. Une fois l'entretien terminé, on court rejoindre Maël en radiologie. La radiologue, très sympathique, nous explique que, malheureusement, c'est la procédure, que Maël va bien mais que surtout on n'a rien à se reprocher. L'hydrocéphalie avait déjà été diagnostiquée chez Maël en début d'année et le médecin qui l'avait découverte l'avait mise sur le compte du syndrome de Silver-Russell. Maël est opéré pour drainer les hématomes sous-duraux par la pose d'une dérivation, un fond d'œil est réalisé et on nous annonce un décollement de rétine.
L'enquête se poursuit avec un rendez vous avec l'assistante sociale et une visite du médecin légiste. Elle est clôturée pour cet hôpital fin 2012. Les mois passent, la prise en charge de Maël continue, tout va bien.
Juillet 2013 – la PMI décide de transmettre une information préoccupante à la CRIP (Cellule de recueil, de traitement et d'évaluation des informations préoccupantes). La raison évoquée est que Maël serait en danger à notre domicile et qu'il serait également malheureux, ne bénéficiant pas d'un suivi adapté, à savoir que la PMI voulait que l'on place Maël en institution spécialisée. Bien entendu, pour un enfant de 3 ans dans notre région aucune possibilité de prise en charge, l'âge requis étant de 6 ans minimum. Ayant demandé à la PMI de nous orienter ou de nous donner des contacts, aucun retour évidemment mis à part le signalement. Nous n'avions donc pas suivi la recommandation de la PMI, toutes les prises en charge étant déjà faites en libéral et avec le soutien d'un CAMSP (Centre d'action médico-sociale précoce), pas loin de chez nous.
Août 2013 – Chute dans son parc le bras derrière le dos, suspicion de fracture.
Décembre 2013 – Maël fait une très grosse varicelle avec beaucoup de boutons.
Janvier 2014 – Maël fait une gastro, direction les urgences pédiatriques. Maël commence à être réellement déshydraté. Je reste avec lui jusqu'à 2h du matin et me dirige vers la maison pour me reposer. Le lendemain impossible de nous rendre à l'hôpital, nous avons tous attrapé la gastro. Plusieurs coups de fil dans la journée pour s'assurer que Maël va bien.
Le 24 janvier 2014, notre vie bascule. A 19H00, lors de mon dernier appel, on m'annonce que Maël a passé un scanner et que seul le médecin pourra nous donner des explications. Le 25 janvier 2014 à 8H00, nous rappelons le service qui nous passe le médecin. Il nous annonce que notre fils est dans un état critique et qu'il va être héliporté vers Strasbourg. Nous lui posons plusieurs questions. Nous ne comprenons pas. La seule chose qu'il nous répond : « Je fais ce que je veux. Il y a une OPP (ordonnance de placement provisoire) décidée par le Procureur. La raison invoquée pour l'OPP : les hématomes sous duraux (déjà connus à Strasbourg mais Mulhouse ne nous a pas écoutés sur ses antécédents médicaux et a quand même fait un signalement), les boutons de varicelle qui ont été pris pour des brûlures de cigarettes, et les traces de chaussettes avec du sparadrap (manque de bol Maël a fait une réaction allergique à ce sparadrap). Les jours qui suivent sont durs, très durs : convocation chez la juge des enfants pour savoir si Maël va être placé, visite à notre loulou à 150 km de notre domicile autant de fois que possible (nous habitons dans le sud de l'Alsace et l'hôpital est à Strasbourg).
Le 5 février 2014, la décision tombe : Maël sera placé pour une durée de 3 mois, le temps de l'enquête sociale. S'ensuivent une perquisition et une audition.
Le 12 mai, nous avons pu ramener notre fils chez nous sous certaines conditions dont l'une d'elle est de le mettre dans un centre en accueil de jour. Chose faite en moins d'un mois (nous avions fait un dossier MDPH quelques mois plutôt).
Entre-temps, en juin 2015, nous avons été mis en examen suite à des expertises médicales à charge contre nous. La dernière expertise médicale, réalisée par des grandes spécialistes nationales et internationales du syndrome du bébé secoué, nous a littéralement enfoncés et nous a même fait passer en criminelle.
À ce jour, notre dossier n'avance plus au pénal, nous en sommes à notre troisième juge d'instruction. Nous avons encore transmis des documents à notre avocate, notamment l'historique de tous les rendez-vous médicaux et hospitalisations depuis la naissance jusqu'à fin 2012. L'expert a estimé que le secouement s'est produit entre les 3 et 6 premiers mois de vie.
Nous ne lâcherons rien. Nous abattons sans doute nos dernières cartes mais c'est maintenant, dans les mois à venir que tout sera décisif. Nous sommes prêts à nous battre jusqu'au bout pour prouver notre innocence. De son côté, la juge des enfants a commencé l'année dernière à enfin à se poser les bonnes questions nous concernant. Nous espérons une levée de l'AEMO (action éducative en milieu ouvert) en mai 2018. Notre histoire est longue mais n'est toujours pas terminée.