Une tribune, cosignée notamment par Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et président de la Commission des 1000 premiers jours, et par le psychologue Frédéric Van der Borght, publiée en décembre 2023 dans La Tribune, appelle à une meilleure prise en compte des parents en matière de protection de l'enfance.
Cette tribune mentionne en particulier le problème des accusations erronées de maltraitance suite à des erreurs de diagnostics, et leurs conséquences délétères sur les enfants et leur familles :
Au nom du noble idéal de la lutte contre la maltraitance des enfants, la tentation est très forte pour que les parents - le « maillon le plus faible » de la « chaine des pouvoirs d'agir » -soient pris comme bouc émissaires.
Cette stratégie clivante et passionnelle déculpabilise à bon compte, évite de mobiliser le sentiment de responsabilité collective, qui implique une analyse plus globale et approfondie. Ainsi, trop souvent des parents sont accusés de maltraitance quand ils amènent à l'hôpital leur enfant porteur de symptômes qui pourraient laisser suspecter des maltraitances, alors qu'ils sont en fait liés à des maladies rares d'origine génétique (par exemple, l'ostéogenèse imparfaite à l'origine de fractures à répétition) ou liés à la prématurité, à une naissance traumatique. Sous couvert de principe de précaution, l'enfant se retrouve alors, à tort, placé en pouponnière et les parents sous le coup d'une mise en cause pénale, alors que la priorité aurait dû porter sur une investigation médicale plus approfondie et des soins adaptés.
Cette dérive répressive est alimentée par des positions dogmatiques « intégristes » qui revendiquent l'aura d'une expertise incontestable. Elle pousse à une attitude de suspicion a priori des familles, qui doit nous inquiéter. Plutôt que prévenir, soutenir et soigner, on punit et sanctionne, en créant souvent des traumatismes additionnels qui portent atteinte à la dignité de l'enfant et de ses parents.