Des médecins canadiens ont publié un article rapportant le cas d'un enfant de 5 mois présentant des hématomes sous-duraux et des hémorragies rétiniennes sévères après une chute de faible hauteur.
Un adolescent s'occupait de l'enfant alors que les parents étaient souffrants. L'adolescent a placé le bébé sur les genoux d'un enfant de cinq ans assis sur un siège de bureau. A un moment, la chaise a été tournée, et le bébé est tombé d'une hauteur inférieure à un mètre la tête la première sur le parquet. Il a pleuré et il est devenu immédiatement somnolent.
Les services d'urgences ont été appelés et l'enfant a été transféré à l'hôpital. Un scanner cérébral à montré l'existence d'hématomes sous-duraux droits sans fracture du crâne. Un fond d'œil a montré l'existence d'hémorragies rétiniennes bilatérales trop nombreuses pour être comptées, et impliquant plusieurs couches de la rétine. Les hémorragies rétiniennes étaient sévères, concentrées dans le pôle postérieur mais s'étendant également à la périphérie. Un rétinoschisis n'a pas pu être identifié formellement.
Comme les médecins croient généralement qu'une chute ne peut jamais causer ces lésions chez un bébé, un signalement pour maltraitance a été fait. Aucune lésion sur la peau, aucune ecchymose, aucune fracture n'a été retrouvée. Aucun trouble de la coagulation n'a été identifié.
La police est intervenue. Très souvent dans ces situations, le récit de chute n'est pas accepté par les médecins et les enquêteurs et les personnes en charge de l'enfant sont poursuivies pour maltraitance. Beaucoup sont ainsi condamnés, étant incapables de démontrer la véracité de leur récit.
Il se trouve que, dans le cas rapporté dans cet article médical, une caméra de surveillance installée au domicile a filmé la chute et a pu corroborer en tous points le récit de la chute. Aucun élément suspect n'a été retrouvé et les procédures judiciaires ont été arrêtées.
Les auteurs concluent que les chutes de faible hauteur peuvent parfois causer les mêmes saignements que le syndrome du bébé secoué, notamment s'il y a une composante angulaire comme dans ce cas. Même si les auteurs estiment que cette observation ne se généralise pas à toutes les chutes, les études biomécaniques montrent qu'il y a quasiment toujours une composante angulaire lors des chutes de faible hauteur des nourrissons en conditions réelles.
Cette publication, et de nombreuses autres publiées au cours des 20 dernières années, doivent conduire à abandonner l'affirmation selon laquelle les chutes de faible hauteur ne peuvent jamais causer des hématomes sous-duraux et des hémorragies rétiniennes chez le nourrisson.