En 2016, le conseil scientifique du Président Américain (à l'époque, Barack Obama) avait rendu un rapport critiquant la mauvaise qualité de certaines techniques de police scientifique et de médecine légale. Le conseil scientifique s'était par la même occasion inquiété de la validité du syndrome du bébé secoué. L'administration Trump n'a pas donné suite à ce rapport.
En janvier 2020, quelques jours seulement avant l'investiture de Joe Biden, le Ministère américain de la Justice (toujours sous l'administration Trump) a publié un déclaration rejetant les conclusions du rapport du PCAST, et défendant donc certaines théories bancales utilisées à tort dans les tribunaux.
Nous proposons ici une traduction d'un communiqué de l'Innocence Project datant de février 2021 qui regrettait la publication de ce communiqué par le Ministère de la Justice, et qui demandait à la nouvelle administration de le retirer.
Le projet Innocence demande au ministère de la Justice de retirer sa déclaration sur le rapport PCAST
19 février 2021
par l'Innocence Project
Nous sommes convaincus que la justice ne peut être rendue que lorsque les scientifiques et les médecins légistes travaillent ensemble.
Le 4 février, l'Innocence Project a adressé une lettre au ministère américain de la justice (Department of Justice, DOJ), exhortant l'administration à se rétracter de sa récente déclaration critiquant un rapport sur la police scientifique et la médecine légale qui avait été largement accepté. Le rapport, Forensic Science in Criminal Courts : Ensuring Scientific Validity of Feature-Comparison Methods, a été publié en 2016. Il avait pour but d'évaluer la fiabilité de certaines techniques de police scientifiques et de médecine légale, comme l'analyse des empreintes de chaussures ou de balles.
Mais le 13 janvier, quelques jours avant la prestation de serment d'une nouvelle administration, le DOJ a publié une déclaration rejetant les conclusions de ce rapport. Alors même que ce rejet de la science est infondé, il aura un impact majeur sur l'utilisation de la médecine légale dans les laboratoires du ministère de la justice et dans les tribunaux. Dans tout le pays, cette déclaration servira également de point de référence dans les cas où la science sera nécessaire pour établir la culpabilité ou l'innocence.
Le rapport au centre de la récente déclaration du DOJ a été largement approuvé par les chercheurs et les juristes depuis sa publication. Le rapport a été réalisé par le Conseil d'experts en sciences et technologies du Président (PCAST), un conseil très réputé composé de scientifiques de renommée internationale, et a fourni une feuille de route essentielle pour étudier la fiabilité des modèles de police scientifique et de médecine légale.
Le récent rejet des conclusions du rapport par le DOJ représente un recul alarmant à un moment où la science est déjà politisée. Le Projet Innocence estime que la déclaration très critiquable du DOJ ne reflète pas les principes fondamentaux de la science, et qu'elle porte atteinte à l'indépendance de la science dans le système judiciaire pénal.
Alors que la nouvelle administration cherche à reconstruire les fondations scientifiques de notre nation, nous demandons instamment au DOJ de reconnaître que la science médico-légale est renforcée par ce rapport fondateur et ses recommandations — et non pas menacée. Le Projet Innocence s'appuie sur la conviction que la bonne application de la justice requiert que les chercheurs travaillent main dans la main avec la police scientifique et les experts médico-légaux.
Nous demandons au DOJ de reconnaître les inexactitudes de sa déclaration du 13 janvier et de se rétracter immédiatement. Cliquez ici pour lire notre lettre complète au DOJ ci-dessous [en anglais].