Fantine, une maman privée de son bébé pendant deux ans et demi, a témoigné dans l'émission La Maison des Maternelles sur France 2.
Nous félicitons Fantine pour son courage et sa dignité dans cette épreuve !
Nous publions également ci-dessous son témoignage écrit.
Témoignage de Fantine
Tout à commencé le 22 février 2019. Ce matin-là, Paul est douloureux, comme toujours depuis sa naissance.
La grossesse a été compliquée. J'ai été suivie de manière intensive dès le troisième mois pour grossesse pathologique. J'ai dû subir des examens médicaux douloureux, amniocentèse etc. A 31 semaines, j'ai été hospitalisée une semaine pour une menace d’accouchement prématuré. J'ai pu retourner à la maison avec une période d’alitement stricte.
Le 21 novembre 2018, à 36 semaines, notre fils Paul voit le jour avec un peu plus d’un mois d’avance. Il pèse 1kg 900. Des examens médicaux révèlent un trouble de la vascularisation (placenta). Il sera hospitalisé en néonatologie pour petit poids, détresse respiratoire, anémie, pendant une durée de 18 jours.
Notre fils rentrera à la maison le 8/12/2018, mais il sera à nouveau hospitalisé quatre fois.
Suite à l’hospitalisation de notre fils mi février 2019, un scanner est réalisé, montrant des lésions dont des hématomes sous-duraux chronique. Le syndrome du bébé secoué est immédiatement suspecté, malgré l'absence totale de lésions au niveaux des cervicales. Tout s’enchaîne très vite. Dès l’annonce de ces résultats, le regard des soignant va très nettement changer. Nous sommes très rapidement suspectés de maltraitance envers notre fils. Il sera transféré dans un hôpital à deux heures de chez nous. Son état clinique est bon.
Cinq jours plus tard, je suis seule avec ma maman, et on nous annonce qu’un signalement est effectué auprès du procureur de la République. Je « m’écroule », le médecin nous dira qu'il doit agir comme « l’avocat de l’enfant » avant tout.
Lors de sa sortie d’hospitalisation, il sera placé en pouponnière. Son frère âgé de deux ans sera avec nous à la maison.
Nous avons du subir l’épreuve de la garde à vue, une en juillet 2019, et une autre en juillet 2020.
Au mois de mars 2021, nous sommes innocentés et nous bénéficions d'un non-lieu au pénal.
Mais du coté de l’assistance éducative, ce n’est qu’en décembre 2020 que nos droits de visite vont évoluer, en avril 2021. Nous décidons d’écrire à la juge lui expliquant combien il est difficile pour notre fils de vivre sans nous et pour nous de vivre sans lui. Les retours à la pouponnière sont difficiles.
Elle prononcera le retour de notre fils à la maison fin août 2021 sous forme de placement à domicile, jusqu’en août 2022.
A ce jour, Paul ne dépend plus des services sociaux. La main-levée du placement a été ordonnée lors de la dernière audience an août 2022.
Du côté medical, nous aurons mis deux ans pour obtenir le dossier médical. Nous l’obtiendrons en juin 2021. Nous pouvons alors enfin demander une expertise à titre privée à un neuropédiatre, qui conclut que notre fils na pas été victime du syndrome du bébé secoué mais qu'il a surtout souffert d'une grossesse pathologique, de sa prématurité, et d'autres problèmes de santé.
Les dommages co-latéraux auront été nombreux : lien affectif, éloignement de sa famille, fratrie, parents, grands-parents. L’après placement : toute une famille qui doit se reconstruire.
Durant le placement, nous avons dû faire preuve de résilience. Nous devions ramener notre fils à la pouponniere en fin de visite, supporter le jugement des uns et des autres, fêter l'anniversaire et Noël sans notre fils. Les préjudices sont nombreux : la douleur de la separation, mi-temps thérapeutique, stress post traumatique, garde à vue (thérapie EMDR).
Nous espérons que notre combat alertera l’opinion public, députés, sénateurs les départements…
Et que les dysfonctionnements qu’il y a pu avoir lieu avec le placement de notre fils donneront place à des solutions pour améliorer le système de protection de l’enfance…