Des médecins français ont publié le 15 mai 2019 dans la revue Plos ONE une étude sur la déformation crânienne du fœtus au cours de l'accouchement.
Chez l'Homme, par opposition aux autres mammifères, la tête du fœtus est d'une taille importante par rapport à la taille du bassin. Il n'est donc pas rare que l'accouchement soit difficile : c'est la « dystocie céphalo-pelvienne », ou « disproportion fœto-pelvienne ». Dans ce cas, un accouchement par voie basse peut être traumatisant pour l'enfant, et il est parfois nécessaire de réaliser une césarienne en urgence, ce qui comporte toujours des risques. Comment anticiper ces problèmes avant même le début de l'accouchement ? Le travail des médecins français pourrait conduire à l'élaboration d'outils pour détecter à l'avance la dystocie céphalo-pelvienne, et organiser ainsi une césarienne programmée plus sûre pour la mère et l'enfant.
Les chercheurs ont observé par imagerie par résonance magnétique (IRM) le deuxième stade de l'accouchement par voie basse chez sept femmes. Ils ont ensuite réalisé des reconstructions tridimensionnelles du fœtus pour quantifier la déformation du crâne. Ils ont observé une déformation du crâne et du cerveau dans les sept cas, mais cette déformation n'était pas visible cliniquement après la naissance dans cinq cas. Cela pourrait dépendre du degré d'élasticité des os du crâne.
Les deux figures suivantes montrent la déformation du crâne avant (violet) et pendant (rouge) l'accouchement.
Dans tous les cas, l'accouchement est un processus traumatisant pour la tête d'un bébé, et il est désormais connu que jusqu'à 43% des nouveaux-nés asymptomatiques nés par voie basse présentent des hémorragies cérébrales (hématomes sous-duraux) et des hémorragies rétiniennes. Les mécanismes expliquant la survenue de ces hémorragies ne sont pas encore bien élucidés, et il est probable que la déformation importante de la boîte crânienne y joue un rôle. Les auteurs de l'étude n'ont pas inclus dans leur protocole des examens permettant d'observer la présence ou non de ces hémorragies.
Selon la rédaction d'Allo Docteurs :
Et cette déformation pourrait expliquer certaines complications post-natales : "Ces résultats d’IRM suggèrent que le fœtus est soumis à un stress plus important que prévu, ce qui pourrait expliquer l’incidence élevée d’hémorragies cérébrales asymptomatiques et d’hémorragies rétiniennes observées après un accouchement normal par voie basse", relèvent notamment les chercheurs.
Or, ces hémorragies sont précisément celles utilisées pour le diagnostic du syndrome du bébé secoué. En France, quasiment tout nourrisson présentant des hématomes sous-duraux et des hémorragies rétiniennes est considéré comme ayant été victime d'un secouement violent. Sans plus de connaissances sur les mécanismes exacts de ces saignements, le risque de confusion entre ce qui découle de l'accouchement et ce qui a été causé par un traumatisme intentionnel est évident.
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