Le Parisien publie aujourd'hui une série d'articles sur le syndrome du bébé secoué et les fausses accusations de maltraitance.
Dans un premier article, le journal revient sur l'histoire d'une mère qui se défendra au tribunal correctionnel de Rennes le lundi 4 mars 2019 :
Un gendarme lui présente un SMS qu’elle a écrit à une amie le 20 janvier. « Mon fils avait souvent des problèmes pour respirer la nuit. Ça nous stressait beaucoup et j’expliquais dans ce message que j’avais dû le secouer pour qu’il revienne à lui. Le gendarme a pris ça comme un aveu alors que je l’avais seulement sorti un peu rapidement de sa nacelle pour qu’il reprenne sa respiration. »
Un second article rappelle ce qu'est le syndrome du bébé secoué, et mentionne les difficultés autour d'un diagnostic parfois posé à tort.
Les personnes incriminées sont alors entraînées dans une spirale judiciaire dont il est difficile de sortir.
Une quinzaine de familles sont défendues par Me Grégoire Etrillard qui pointe du doigt « l’utilisation par la chaîne pénale de la recommandation de la HAS ». Selon lui, les explications alternatives, comme des maladies rares, sont trop rapidement écartées. Il y aurait en la matière une présomption de culpabilité. « Le juge se sent tenu par une expertise médicale parfois contestable. Il faudrait d’autres éléments pour la corroborer. »
Des scientifiques en France et à l’étranger remettent aussi en cause la façon dont est posé le diagnostic. En 2016, un rapport du Conseil suédois de technologie, d’évaluation sociale et d’éthique médicale, équivalent de la HAS, a mis en avant des preuves scientifiques insuffisantes. Le neurochirurgien à l’origine du syndrome du bébé secoué, Norman Guthkelch, s’est lui-même ému peu avant son décès dans une lettre ouverte que ce diagnostic soit posé de façon trop légère.
Enfin, deux médecins offrent deux points de vue opposés sur la question. Pour la présidente du groupe de travail de la HAS sur le syndrome du bébé secoué :
Les maladies rares existent, mais faut-il encore pouvoir les diagnostiquer. Comme c’est compliqué de le faire aux urgences et que cela nécessite des investigations supplémentaires, il est important de faire un signalement dans le souci de protection de l’enfant. Je sais que c’est terrible pour les parents, mais peut-on faire autrement ? Personnellement, quand j’ai un doute en tant qu’experte, je ne conclus jamais à la maltraitance. Je ne pense pas qu’il y ait des erreurs judiciaires.
Au contraire, pour l'ancien chef de service de neuropédiatrie au CHU de Montpellier :
Depuis 2011, on assiste à une fuite en avant. Les enquêtes sont menées à charge systématiquement alors que selon moi, la moitié des cas restent inexpliqués. Pour parler d’une pathologie donnée, il faut en être spécialiste. Or, les médecins légistes, qui ne sont ni radiologues ni pédiatres, s’arrogent seuls le droit en France de faire les expertises. Alors même qu’ils n’ont jamais eu à prendre en charge ces enfants atteints de traumatisme crânien. Quant à ceux qui émettent des réserves sur le diagnostic, ils sont traités de négationnistes ! Faut-il rappeler qu’en médecine, la pensée unique n’existe pas. Je vais d’ailleurs écrire à la ministre de la Santé pour lui dire qu’au nom de la HAS, on massacre des familles innocentes.
Sources :