Nous proposons la traduction d'un article de la chaîne américaine Action News Now paru le 21 septembre 2018. Cet article porte sur Mikaela Yhip, 13 ans, la fille de Peter et Edelyn Yhip, innocentés cet été après six années de fausses accusations de meurtre sur un autre de leurs enfants.
Chico, Californie. Dans une interview exclusive avec Action News Now, Mikaela Yhip, fille d'un couple accusé d'avoir tué leur fils adoptif en 2012, parle de son vécu.
Le procureur général du Comté de Butte a récemment abandonné les charges contre Peter et Edelyn Yhip en août, après qu'ils aient été accusés de meurtre et maltraitance en avril 2012 à l'encontre de leur fils adoptif de deux ans, Benjamin.
Les procureurs ont prétendu que Benjamin était mort d'un traumatisme violent à la tête, selon eux les signes du « syndrome du bébé secoué » et de maltraitances.
Les avocats de la défense ont dit que la mort de Benjamin a été le résultat de problèmes médicaux sous-jacents, et non d'un traumatisme crânien.
Au final, il n'y avait pas assez de preuves pour condamner Peter et Edelyn Yhip du crime, et les charges ont été abandonnées.
Pour la première fois, Mikaela Yhip raconte l'histoire de ce qu'il s'est passé et comment elle se sent maintenant que les charges ont été abandonnées.
Elle défend ses parents, disant qu'il y a eu de nombreuses hypothèses fallacieuses sur eux, et qu'elle a été enlevée à sa famille à un âge où elle en avait le plus besoin.
Lisez la déclaration complète de Mikaela ci-dessous.
Déclaration de Mikaela
On m'a trouvée à un arrêt de bus en Chine lorsque j'avais cinq jours. Il y a treize ans, le 19 septembre 2005, j'ai rejoint ma famille de toujours, Edelyn et Peter Yhip. Mes parents m'ont toujours dit depuis mon plus jeune âge que l'on n'a pas besoin de partager les liens du sang pour être de la famille.
J'ai toujours voulu un petit frère ou une petite sœur et, en 2010, mes parents ont rempli les papiers pour l'adoption. On est allés à Taïwan pour chercher mes frères jumeaux. J'étais si heureuse ! J'avais prié pendant si longtemps pour des frères et sœurs, et j'ai eu deux des meilleurs frères qui soient !
Peu après être rentrés à la maison, on a découvert que Benjamin était toujours malade. Il vomissait constamment et il nécessitait une attention de tous les instants. Je me suis beaucoup occupée de Jonathan quand mes parents devaient s'occuper de Benjamin.
Une nuit, Benjamin a dû aller aux urgences. Jonathan et moi avons dû aller chez des amis, parce que mes parents devaient être avec Benjamin. J'avais 7 ans, j'étais en CE1 (j'ai sauté le CP et la cinquième), et je me souviens être allée à l'école le lendemain.
J'ai été appelée au bureau du directeur de l'école. Il y avait un officier de police, ils m'ont emmenée et ils m'ont interrogée.
Cet après-midi-là, lorsque l'ami de mes parents est venu me chercher, la police est venue et nous a embarqués mon frère et moi. Ils m'ont dit que Benjamin était mort.
Mon frère et moi avons été enlevés de mes parents et de la seule maison que nous connaissions. J'étais tellement terrifiée ! Nous devions rester avec des étrangers. Je crois que nous avons dû aller dans trois familles adoptives, et heureusement, la dernière était des amis de la famille.
Vivre chez d'autres parents a été vraiment difficile parce que mes parents me manquaient énormément, surtout la nuit. J'avais seulement 7 ans et Jonathan avait à peine plus de 2 ans et demi. J'avais besoin de mes parents, et ils n'étaient pas là.
Mon frère et moi ne pouvions les voir qu'en visites médiatisées, dans un centre des services sociaux, et il y avait toujours quelqu'un qui nous regardait et qui prenait des notes.
Je me rappelle que les services sociaux étaient aussi là durant les funérailles de Benjamin, et ils ont interdit à Jonathan de venir. J'étais vraiment en colère.
J'avais l'impression que je ne pouvais pas passer du temps avec ma famille. C'était comme s'il y avait toujours quelqu'un pour nous épier, tout le temps. Nous ne pouvions voir mes parents qu'une seule fois par semaine, pendant quelques heures.
Après un temps qui m'a semblé très long, mes parents m'ont dit que l'affaire sociale était terminée, et que mon frère et moi pouvions rentrer à la maison.
J'étais très contente de revenir à la maison, mais les choses étaient différentes, et je n'étais plus la même. J'étais vraiment en colère, et je faisais des crises de colère pendant des heures chaque nuit.
Je nageais auparavant avec les Chico Aqua Jets, mais je ne voulais pas y retourner parce que mon coach préféré était parti.
J'ai dû changer d'école. J'avais l'impression que mon monde s'était retourné. Tout était différent. Tout avait changé.
Mes parents m'ont vraiment encouragée à faire quelque chose de différent. Je ne voulais pas.
Ils ont vu qu'il y avait des cours d'escrime et ils m'ont dit d'essayer pendant un mois et que si je n'aimais pas, je pouvais arrêter. Je ne voulais vraiment pas y aller au début, parce qu'il y avait surtout des garçons, et ils étaient très grands !
Après quelques semaines durant lesquelles j'y suis allée quasiment trois jours par semaine, j'ai vraiment aimé. Cela a été le meilleur moyen pour moi de mettre toute mon énergie. Je pouvais donner des coups d'épées aux gens sans avoir de problèmes ! Je suis devenue très concentrée. Mes parents ont dit que je faisais de moins en moins de colères la nuit.
C'était il y a quatre ans. J'adore faire de l'escrime. Je suis aussi retournée nager avec les Chico Aqua Jets.
Mes parents m'ont donné des cours à domicile pendant deux ans, et je suis retournée à l'école. J'ai pu passer de plus en plus de temps avec ma famille.
L'escrime m'a aidée à me concentrer sur ce qui est en face de moi. Une chose à la fois.
J'ai eu de la chance de rencontrer mon coach actuel, Greg Massialas, dans un tournoi. Il m'a invitée à aller voir son club à San Francisco. Je fais de l'escrime avec la MTeam de San Francisco chaque vendredi. Généralement ma mère, mais parfois mon père, fait trois heures et demie de route pour que je puisse m'y entraîner. Après l'entraînement, on revient à la maison.
Même après que nous soyons revenus à la maison, mes parents étaient toujours accusés à tort d'avoir tué mon frère. Le mois dernier, ils ont été innocentés.
Mes parents nous encouragent toujours à voir le bon côté des choses, même s'il est difficile à trouver. Ils nous demandent toujours ce qui nous faire rire, et ce que nous pouvons améliorer. La vie, c'est comme l'escrime. J'ai encore tellement à apprendre. C'est une chose à chaque fois, et quand je perds un point, je dois me demander ce que je n'ai pas bien fait, et aller au point suivant. Je trouve que si je perds mon attention, je ne m'en sors pas bien.
Je sais qu'il y a de nombreux autres enfants qui vivent des moment difficiles. Essayez de trouver quelque chose de positif sur lequel vous pouvez vous concentrer. Mettez toute votre énergie là dedans et n'abandonnez jamais.
Sources :
- Surviving a family crisis: Mikaela Yhip speaks, Action News Now, 21 septembre 2018