Nous proposons la traduction d'un article publié par une mère américaine sur un blog, le 27 janvier 2017.
Alors que le premier anniversaire de mon fils approchait rapidement, je me suis retrouvée en train de me remémorer cette dernière année, la première en tant que mère. Aussi cliché que cela puisse paraître, je n'ai jamais réalisé à quel point je pouvais aimer un autre être humain jusqu'à ce que mon fils soit placé dans mes bras. À partir de ce moment, j'ai su que ma vie serait changée à jamais. Soudainement, il y avait cette vie qui dépendait de moi à 100%.
Alors que cette dernière année a été l'une des plus bénéfiques de ma vie, il y a eu aussi ces heures sombres dans notre famille pendant une partie de l'année. Il y bien eu trois mois durant lesquels mon mari et moi vivions dans la peur constante que notre fils nous soit enlevé. Ces quelques mois furent les pires de toute ma vie.
En tant que jeune mère, je m'inquiétais pour absolument TOUT et je me reposais énormément sur mon pédiatre, l'appelant fréquemment pour me rassurer. J'avais souvent des rendez-vous en urgence, pour qu'au final on me dise que tout allait bien. Toute cette histoire de la parentalité était totalement nouvelle pour moi, je voulais toujours faire le mieux possible pour mon fils en consultant des experts, comme je n'avais aucune idée si la quantité de selles était inquiétante ou si ce que je voyais durant le change était normal.
Un jour, j'ai découvert un bleu sur ses fesses, bleu pour lequel ni moi ni mon mari n'avait d'explication. Alors je suis allée consultée Dr Google et j'ai trouvé des raisons terrifiantes pour lesquelles il pourrait avoir un bleu. Comme tout parent inquiet j'ai appelé mon pédiatre une fois de plus et on m'a donné un rendez-vous un peu plus tard ce jour-là. Une heure plus tard, l'infirmière m'a rappelée et m'a expliqué qu'elle avait parlé avec le docteur, et il a suggéré d'aller aux urgences pour qu'ils puissent faire des examens. Je ne demandais pas mieux, j'étais prête à tout pour être sûre que mon fils allait bien. C'est comme ça que tout a commencé.
Au cours des 4 ou 5 heures suivantes, j'ai répondu à toutes les questions, j'ai détaillé tous mes rendez-vous médicaux et toutes mes inquiétudes passées. J'ai donné aux médecins tout ce que j'avais, pour leur donner un tableau complet de sa santé. Je voulais m'assurer qu'ils aient la meilleure chance de déterminer ce qu'il se passait. Après tous ces questionnements, un médecin est venu et m'a expliqué que les examens de mon fils étaient revenus normaux, et qu'ils ne trouvaient rien au niveau médical permettant d'expliquer le bleu. Je me suis sentie soulagée que mon fils soit examiné et qu'il soit en bonne santé. Ce fut du moins jusqu'à ce qu'elle m'explique qu'elle avait appelé la police et les services sociaux, puisque aucune cause médicale n'a été retrouvée. Je me suis effondrée en larmes.
Comment qui que ce soit pourrait penser un seul instant que mon mari ou moi-même puisse faire du mal à cet enfant si précieux ?
Je n'ai que des souvenirs flous du reste de la journée. J'ai été interrogée, accusée de faire du mal à mon fils. Ce soir-là, mon mari et moi avons dû parler séparément avec les policiers et nous avons dû expliquer notre rencontre, notre relation, notre famille, notre ménage, absolument tout. Une assistante sociale est venue est a mis en place un plan nous obligeant mon mari et moi à avoir une supervision 24h/24 et 7 jours sur 7 pendant que nous nous occupions de notre fils. Heureusement, ma mère a eu la possibilité de tout arrêter et d'emménager chez nous immédiatement pour nous surveiller, de telle sorte que notre fils ne nous soit pas enlevé. Cela voulait dire qu'elle devait se réveiller avec moi la nuit dès que je devais m'occuper de mon fils, changer sa couche, jouer avec lui, dès que j'avais la MOINDRE interaction avec lui.
Nous avons vécu dans la peur constante ensuite. Peur que les services sociaux ou la police débarquent soudainement chez nous et nous enlèvent notre fils. La peur qu'on soit poursuivi comme des criminels pour maltraitance et négligence.
Avec l'aide de notre famille, mon mari et moi avons engagé des avocats différents pour nous représenter. Pendant le mois suivant, nous avons respecté et fait tout ce qu'ils nous demandaient pendant qu'ils réalisaient leur enquête. Cela incluait des visites surprises, des interrogatoires, des visites médicales supplémentaires, et des tests à faire sur notre fils. Nous avons fait tout cela. Il y avait bien trop de choses en jeu, et il était hors de question que nous prenions le moindre raccourci, que nous prenions le moindre risque de perdre notre fils.
Quand le mois s'est enfin terminé, nous avions l'impression d'avoir tout bien fait. L'assistante sociale est venue pour nous faire part de ses conclusions. Elle a expliqué qu'après les 30 jours d'enquête, elle n'avait rien trouvé permettant d'expliquer ce qu'il s'était passé et ce qui avait pu causer le bleu. Nous pensions que c'était une bonne nouvelle. Elle nous a alors donné une convocation au tribunal et nous a expliqué qu'elle plaçait notre enfant en famille d'accueil. Elle pensait qu'il courait un risque chez nous puisqu'elle ne pouvait pas identifier qui avait causé le bleu. Nous fûmes dévastés. Jusqu'à ce moment, on nous avait dit que tout cela se terminerait à la fin de l'enquête. Heureusement, mes parents ont pu s'arranger pour être la « famille d'accueil » de notre fils. Nous avons été autorisés à rester avec lui, comme il était exclusivement allaité, mais nous ne pouvions plus rester à la maison. Nous devions être chez mes parents.
Les choses se sont enfin arrangées
Deux jours plus tard, nous avons comparu devant un juge qui, après avoir étudié tous les documents soumis par l'État et les services sociaux, n'a trouvé aucune raison pour justifier que notre fils nous soit enlevé. Nous avons été autorisés à le récupérer chez nous, mais nous avons dû accepter de continuer les supervisions 24h/24 et 7 jours sur 7 jusqu'à la prochaine audience.
Après moult rendez-vous judiciaires, des milliers de dollars dépensés en frais d'avocats, et un nombre incalculable de sacrifices faits par nos familles, nous avons connu un fin heureuse et notre famille est restée intacte. Quand bien même, nous n'avons rien dit à personne de ce qu'il se passait. Je ne sais pas pour mon mari, mais pour ma part, je me suis sentie honteuse et humiliée.
Je n'aurais jamais pu croire que quelque chose comme cela puisse nous arriver, à nous. Je n'osais plus appeler le médecin et poser des questions. J'avais peur qu'à partir de maintenant, à chaque fois que je verrais un médecin, il regarderait le dossier médical de notre fils et verrait « suspicion pour maltraitance/négligence » dans le dossier et qu'il ne nous prendrait pas au sérieux. J'étais inquiète que mon fils n'obtienne pas les meilleurs soins possibles parce que la première chose qu'ils rechercheraient, serait la maltraitance. J'étais en colère pour tous ces mois durant lesquels nous avons marché sur des œufs, durant lesquels notre vie a été en pause. J'étais en colère du fait que, même après une fin heureuse, nous ne puissions pas revenir en arrière et retrouver une vie normale de famille.
Cela fait six mois que tout ce cauchemar s'est terminé et je commence tout juste à respirer de nouveau. Encore maintenant je m'inquiète si je ne suis pas capable d'expliquer chaque bleu sur notre fils, et j'hésite désormais à appeler le médecin. Cela n'arrive plus jamais que j'attende impatiemment les prochaines visites médicales, ou même n'importe quelle interaction avec ses médecins.
Mais rien de tout cela ne compte plus désormais. Tout ce qui m'importe, c'est que notre fils est désormais ici, avec nous, chez nous.