L'existence d'erreurs médicales et de fausses accusations de maltraitance ne change malheureusement rien à la réalité et à l'ampleur des cas avérés de maltraitance en France et dans le monde.
On classe typiquement la maltraitance en quatre catégories : négligence, maltraitance psychologique, physique, et sexuelle. Dans cet article, nous examinerons surtout les chiffres liés aux violences physiques.
La maltraitance en France
D'après une étude réalisée en 2007 auprès de parents âgés de plus de 25 ans, trois enfants sur quatre ont déjà reçu une gifle. Un enfant sur deux a déjà reçu une fessée. Un enfant sur huit a déjà reçu des coups violents [1].
Harris Interactive a conduit en octobre 2017 un sondage internet auprès d'un millier de Français majeurs. On y apprend que 22% des adultes déclarent avoir été victimes de maltraitances graves, ce qui comprend les violences physiques (5%), les violences psychologiques (8%), les négligences (3%) régulières, et les violences sexuelles de tous types (16%).
On peut noter qu'il y a plus d'enfants porteurs de maladies rares (6-8%) que d'enfants victimes de violences physiques (5%). Exclure systématiquement toute cause pathologique au profit de causes intentionnelles devant des signes et symptômes inexpliqués n'est donc pas rationnel. Il existe des milliers de maladies rares et méconnues ayant des conséquences encore insoupçonnées.
Par ailleurs, 36% des sondés déclarent avoir constaté ou soupçonné des faits maltraitance dans leur entourage au cours des dernières années, mais parmi eux, moins de 10% ont prévenu les services sociaux.
De nombreux enfants réellement maltraités ne sont donc pas signalés, et par conséquent non protégés. Pour chaque enfant placé à tort suite à une erreur médicale, il y a un enfant réellement maltraité qui n'est pas protégé. Les moyens des services sociaux sont limités et ne devraient pas être détournés sur des enfants qui ont besoin d'un diagnostic et de soins adaptés plutôt que d'assistantes sociales...
La maltraitance dans le monde
L'UNICEF a publié en 2015 un rapport complet sur la maltraitance infantile dans le monde qui contient des chiffres effrayant.
Globalement, quasiment deux tiers des enfants de 2 à 14 ans sont l'objet de violences physiques régulières. Cela représente un milliard d'enfants. Un enfant sur six est victime de violences physiques sévères. Les chiffres varient considérablement d'un pays à l'autre, puisque par exemple, 85% des enfants yéménites sont maltraités, tandis que 30% des panaméens le sont.
Plus précisément, 40% des enfants sont victimes de coups, 35% de secouements, 20% de coups au visage, et 10% des enfants doivent subir des coups d'une violence extrême.
En Suède, les efforts de prévention ont porté leurs fruits puisque moins de 10% des enfants sont victimes de violences physiques légères, tandis que les violences physiques graves sont rarissimes.
Le secouement dans le monde
L'incidence du syndrome du bébé secoué varie d'environ 20 à 50 cas pour 100 000 nourrissons, mais combien de parents admettent secouer leur bébé [2] ?
Aux États-Unis, un sondage réalisé en 1995 par Gallup a montré que 4,4% des parents « secouaient » leur enfant de moins de deux ans, mais la force du geste est inconnue. En 2002, un sondage anonyme par téléphone réalisé en Caroline du Nord et Caroline du Sud montrait qu'environ 2,5% des bébés et des enfants étaient secoués.
Au Japon, une étude de 2014 a montré que 3,4% des bébés de 4 mois avaient été secoués durant le mois précédent [3]. Le même pourcentage de bébés néerlandais de 6 mois avaient déjà été secoués au cours de leur vie [4].
Une étude internationale s'est intéressée à l'incidence du secouement reconnu sur les enfants de moins de 3 ans dans différents pays. Les chiffres varient de 6,6% aux Philippines à 42% dans les bidonvilles d'Inde, en passant par 19% en Égypte.
D'après une étude de l'UNICEF (MICS3), entre 18% et 36% des parents de différents pays d'Europe de l'Est, d'Asie centrale, et d'Afrique de l'Ouest, avaient secoué leur enfant de plus de deux ans au cours du mois précédent.
D'après une étude de l'ISPCAN, le secouement concernait 10% des enfants colombiens, 50% des enfants égyptiens, et 70% des enfants indiens.
Conclusion
Ces chiffres montrent l'étendue de toutes les formes de maltraitance (secouements, gifles, violences physiques, etc.) en France et dans le monde. Cela justifie d'autant la nécessité d'un système de protection infantile rigoureux et efficace. Malheureusement, force est de constater que trop d'enfants maltraités restent ignorés par le système actuel, tandis que trop d'enfants malades et non maltraités sont placés abusivement. Beaucoup reste donc à faire pour améliorer la détection et la protection des enfants réellement maltraités tout en évitant de nuire à ceux qui ne le sont pas.
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