La crise à l'hôpital public est profonde et se trouve régulièrement sous les feux de l'actualité. On a notamment parlé du harcèlement et du burn-out chez le personnel hospitalier, le manque latent de moyens, les dégâts psychologiques de méthodes de management inhumaines chez les soignants.
Il ne fait pas de doute que cette crise chez les soignants a des conséquences directes sur les patients, et c'est précisément cela qui nous préoccupe en tant que parents de petits patients.
Levée de fonds pour le nouvel épisode de la web-série « Hôpital à la dérive, patients en danger »
Dans le documentaire web « Hôpital à la dérive, patients en danger », les journalistes Bernard Nicolas et Caroline Chaumet avaient mis en lumière l'épuisement physique et psychique de soignants au CHU de Grenoble. On y voyait aussi les conséquences pour les patients, avec par exemple des enfants malades qui n'avaient tout simplement plus de suivi en endocrinologie pédiatrique, du fait que les rares spécialistes de la région étaient tous en burn-out ! Comment peut-on accepter que des enfants malades soient laissés pour compte, sans soins, parce que leurs médecins ne peuvent plus faire face ? Les parents avaient donc manifesté leur soutien à ces médecins épuisés aux abords de l'hôpital.
Dans un nouvel épisode à venir, les mêmes journalistes donneront la parole cette fois aux patients, victimes ultimes de ces graves dysfonctionnements. Pour cela, ils ont mis en place une nouvelle levée de fonds participative.
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Erreurs médicales et rejets de responsabilités
Dans le livre « Hôpitaux en détresse, patients en danger », dont la sortie accompagnait la diffusion de ce reportage, le Professeur Christian Marescaux, ancien neurologue au CHU de Strasbourg, rapportait plusieurs situations dramatiques où des patients étaient devenus handicapés à vie ou étaient même morts suite à de graves erreurs médicales. Ces erreurs avaient notamment pour cause des aberrations au niveau du management à l'hôpital.
Pire, le Professeur Marescaux ainsi que d'autres médecins rapportaient également toutes les difficultés qu'il y avait à faire connaître ces situations et à ce que les victimes soient correctement reconnues et prises en charge. Dans certains cas, les intervenants responsables de ces erreurs ainsi que leurs hiérarchies préféraient rejeter toute responsabilité sur les patients eux-mêmes et leurs familles.
Les faux « bébés secoués », conséquences des crises à l'hôpital ?
Parmi tous ces drames, il y a de nombreux cas de fausses accusations du syndrome du bébé secoué.
Comme nous l'avons déjà expliqué, le signalement présente de nombreux avantages pour les médecins hospitaliers : face à une situation médicale complexe voire rare, le signalement permet de ne pas poursuivre systématiquement des examens long et coûteux pour rechercher les causes réelles des symptômes. Le rôle des médecins s'arrête là où celui de la justice commence. Il s'agit au fond d'aller au plus simple et au plus vite, au détriment des petits patients qui ont été emmenés à l'hôpital non pas pour être arrachés à leurs parents, mais pour être soignés. Soulignons que la loi actuelle favorise largement ces pratiques.
Mais on retrouve également le fait d'accuser les familles pour éviter d'avoir à reconnaître ses propres erreurs médicales. Nombre de bébés de notre association ont fait l'objet d'erreurs médicales avant d'être diagnostiqués à tort « bébés secoués ».
Par exemple, Hugo, le fils de Sandrine, présentait tous les symptômes d'une hydrocéphalie externe au cours des dix consultations médicales qui ont eu lieu avant le diagnostic. Tous les médecins sont passés à côté de ce diagnostic. Lorsque la situation est devenue critique, les parents ont été accusés à tort de maltraitance. Ils poursuivent aujourd'hui les responsables de ces erreurs médicales.
Dans d'autres cas, encore plus dramatiques, le bébé meurt suite à des erreurs médicales, et l'un des parents est directement et injustement placé en détention provisoire. Sa famille doit alors se battre pour le faire libérer, et n'est donc plus en mesure de poursuivre les médecins.
Il est indispensable que des journalistes s'emparent de ce sujet pour que ces scandales cessent et que les pratiques évoluent enfin. C'est pour cela que nous souhaitons bonne chance et bon courage à Bernard Nicolas et Caroline Chaumet pour leur nouveau reportage.