Les différents rapports de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur le syndrome du bébé secoué constituent la principale base de travail médico-légal en langue française. Les médecins français, qu'ils soient pédiatres, neurochirurgiens, médecins légistes, ou experts judiciaires, sont censés se baser sur ces rapports pour décider de la pertinence d'un signalement en cas de suspicion de maltraitance, et pour rédiger leurs expertises.
Il est donc essentiel, pour que les signalements et les décisions de justice soient prises de manière appropriée, que ces rapports soient de la plus grande qualité possible.
Des erreurs nombreuses
Nous avons longuement et minutieusement étudié ces rapports, et, tout comme dans la plupart des expertises, nous avons pu constater un nombre conséquent d'erreurs en tous genres, que ce soit dans l'interprétation de résultats scientifiques, dans le choix des études qui sont considérées et dans celles qui ne le sont pas, des erreurs d'ordre logique ou méthodologique, des erreurs de raisonnement, des erreurs statistiques, des erreurs physiques, voire des erreurs « d'étourderie » comme des chiffres mal recopiés ou des erreurs d'unité.
Il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances médicales pour déceler ces erreurs. Il suffit d'avoir des connaissances scientifiques de base de niveau lycée, et surtout, du bon sens, un esprit critique, et une capacité de réflexion.
Des conséquences dramatiques
Mises bout à bout, ces erreurs ont des conséquences humaines directes et dramatiques. Elles conduisent à des conclusions scientifiques invalides, mais qui sont pourtant utilisées directement pour décider du placement d'un bébé pendant des années, ou de la condamnation d'une personne à une peine de prison.
Il faut insister sur l'importance disproportionnée des conclusions médicales dans les décisions. Le plus souvent, il n'y a aucun élément inquiétant chez les parents et la famille, l'environnement, aucun antécédent, aucune condamnation, aucun témoignage à charge, et les conclusions des médecins sont les seuls éléments à charge. Ces éléments se basent pour l'essentiel sur les arguments erronés des rapports de la HAS. Les différentes enquêtes sont donc biaisées car faites à la lumière de ces conclusions incorrectes, sans que la possibilité d'erreurs médicales ne soit prise en compte par les intervenants.
Les erreurs qui figurent dans ces rapports officiels ne sont donc pas des détails sans importance, mais des erreurs aussi dramatiques qu'inadmissibles pour toutes les personnes innocentes qui en font les frais.
Nous allons publier une première série d'articles portant sur une petite sélection d'erreurs bien particulières, ayant trait aux chutes et aux arguments biomécaniques évoqués dans les rapports de la HAS.