De nombreux articles de presse paraissent actuellement sur les tensions aux urgences et à l'hôpital, sur le manque considérable de moyens, et sur les situations de burn out que cela induit sur les médecins et les soignants.
Les journalistes Bernard Nicolas et Caroline Chaumet travaillent sur ce sujet depuis plus de deux ans. Ils diffusent aujourd'hui le premier épisode d'une série web intitulée « Hôpital à la dérive, patients en danger ». Ce premier épisode est consacré au CHU de Grenoble. Les épisodes suivants traiteront de problèmes similaires dans d'autres hôpitaux.
Deux ans d'enquête pour comprendre ce qui se passe dans nos hôpitaux publics au bord de l'implosion. Maltraitance institutionnelle, souffrance des soignants, suicides, burn-out, mise en danger des patients, telles sont les conséquences des politiques menées à l'hôpital public. Les lois successives 35h, T2A, HPST et bientôt les GHT ont pour objectif une meilleure « efficience » de l'hôpital public considéré comme une entreprise. Quelle politique publique de santé pour quel objectif à terme ? Allons-nous vers une disparition programmée du service public de santé ?
Après que plusieurs chaînes ont refusé de financer ce film, les journalistes ont fait appel à une campagne de financement participatif par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Notre association et plus de 300 personnes ont participé, ce qui a permis la réalisation de ce documentaire qui met en lumière les graves dysfonctionnements de l'hôpital public.
L'explosion des signalements abusifs de maltraitance sur des enfants atteints de diverses pathologies que nous constatons n'est pas sans lien avec cette situation générale. Des médecins qui sont conduits à bâcler leur travail par manque de temps et de moyens seraient-ils incités à effectuer un signalement au plus vite, avant même de s'être assurés de ne pas passer à côté de causes médicales ? N'a-t-on pas dit à Emi qu'une « procédure de signalement coûtait moins cher à la sécurité sociale qu'une recherche de maladies rares ? »
Un livre aux éditions Flammarion, qui accompagne le film, paraît aujourd'hui également. Intitulé « Hôpitaux en détresse, patients en danger », il est signé des Professeurs Philippe Halimi (Chef du service de radiologie de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris, Président de l'Association Nationale Jean-Louis Mégnien) et Christian Marescaux (professeur des universités - praticien hospitalier, ancien neurologue au CHU de Strasbourg et ancien responsable d'une équipe de recherches en neurologie à l'Inserm).
Plus de deux ans après le suicide du professeur Jean-Louis Mégnien à l'hôpital Georges-Pompidou, c’est un vibrant SOS que lancent les professeurs Philippe Halimi et Christian Marescaux, ardents défenseurs du service public hospitalier : « Nous ne sommes pas des incendiaires mais nous voulons alerter et dénoncer un mal insidieux qui divise les équipes et laisse à terre des gens qui perdent le goût de travailler, parfois même le goût de vivre… »
À travers de nombreux témoignages, souvent bouleversants, ce livre démontre les effets dévastateurs, pour les personnels comme pour les patients, d’un système qui contraint aujourd’hui les équipes hospitalières à soigner vite par souci de rentabilité et d’économies. Une logique financière qui pousse de nombreuses directions d’établissement à diminuer les effectifs et les moyens, puis à écarter violemment ceux qui s’opposent à ces stratégies mortifères ou décident d’en dénoncer les dérapages.
Abus de pouvoir, menaces de représailles, mises au placard, harcèlement moral, impunité pour les maltraitants, tous les moyens sont bons pour que l’ordre règne…
Il y a quelques années, le Professeur Christian Marescaux a eu connaissance d'une affaire de fausse accusation de maltraitance sur des parents. Leur nouveau-né souffrait de nombreux problèmes de santé depuis sa naissance, mais une succession de graves erreurs médicales ont finalement conduit à son décès. Ces erreurs n'ont pas été reconnues. Au contraire, le syndrome du bébé secoué a été injustement posé. Le père a été immédiatement incarcéré pendant plusieurs mois, avant d'être remis en liberté grâce au travail du Professeur Marescaux. Les procédures judiciaires sont toujours en cours à l'heure actuelle.
Notre association accompagne désormais ces parents accusés à tort. Par ailleurs, le Professeur Marescaux a été amené à se pencher sur de nombreuses autres situations de diagnostics abusifs dans notre association. Il a effectué des recherches extrêmement poussées sur le syndrome du bébé secoué, son diagnostic, la controverse internationale, et il conseille désormais l'association au niveau médical et scientifique.