Une ordonnance de placement provisoire a été décidée sur un bébé hospitalisé avec un hématome sous-dural. Les parents clament leur innocence et la grand-mère raconte les circonstances dans lesquelles ni les parents ni aucun autre membre de la famille ne peuvent approcher du bébé pendant le placement.
L'ordonnance provisoire de placement a été décidée suite à un signalement sur une suspicion probable de syndrome de bébé secoué après une hospitalisation en urgence pour des convulsions. Un hématome sous-dural de datation inconnue avait été découvert. Pour le médecin légiste, on ne retrouve pas d'origine médicale.
On arrache donc un bébé à ses parents parce qu'on n'explique pas médicalement son hématome sous-dural, et qu'il est "probable" qu'il ait été secoué.
J'ai été frappée par le terme "probable" avec l'impossibilité de déterminer depuis combien de temps il est là.
Et s'il était là depuis sa naissance ? N'est ce pas aussi une "probabilité" ?
On en sait rien, en fait, pas plus que les médecins.
En ce qui concerne les visites, ma fille attend un coup de fil pour qu'on lui dise quand elle pourra enfin aller voir son bébé en présence d'une travailleuse sociale, après des jours à ne pas avoir pu le voir à l'hôpital.
Cela fait deux jours qu'on lui demande des vêtements pour son fils. Elle s'est proposée de les ramener hier déjà, de peur que son bébé soit en couche et qu'il n'ait rien sur lui. On lui a dit d'attendre de venir avec la travailleuse sociale et qu'en attendant, l'hôpital lui prêtait des vêtements.
Mais aujourd'hui, une autre personne lui a dit d'en ramener et de les déposer au secrétariat. Ça a mis ma fille en pétard...
Tout ce qu'elle a eu comme nouvelles c'est qu'il va bien mais il pleure beaucoup sans ses parents... Il mange mais il a du mal à dormir. Ce soir encore, il ne dort pas, il pleure, il pleure...
Après l'angoisse de l'hospitalisation, la peur de le perdre, la crainte des séquelles... Un enfer à vivre pour des parents.
C'est terrible de savoir que son bébé est seul, de pas être là alors qu'il pleure, qu'il a du mal à dormir, qu'il est à l'hôpital...
Mais c'est la procédure. Elle est où l'humanité là-dedans ? C'est ça la protection de l'enfance ?
Donc voilà, mais il ne faut pas s'énerver surtout.
Ma fille s'est pourtant emportée. "Vous me dites que je ne suis pas accusée ?! Donc, on me prend mon enfant, on va me présenter au juge des enfants qui décidera si oui ou non je peux récupérer mon fils, mais on ne m'accuse pas d'avoir maltraité mon enfant ? C'est une blague ! Quand j'appelle, on me dit, il a mangé, il pleure, il va bien. Limite l'impression de les ennuyer !" Donc après avoir exprimé sa colère de façon très claire, je pense que cela a été entendu puisque ce soir, lorsqu'elle a appelé, on lui a dit gentiment que son bébé allait bien, qu'il avais eu son traitement, qu'il se portait bien, mais qu'il pleurait énormément. Malgré leurs efforts pour le réconforter et l'installer, il avait beaucoup de mal à dormir. Normal, arraché brutalement à ses parents... On lui a donc demandé de lui ramener un doudou avec son odeur dessus pour le réconforter, des affaires personnelles...
Elle raconte ensuite toutes les démarches qu'elle a du entreprendre pour accompagner les parents du bébé, effondrés par ce cauchemar qui s'aggrave de jour en jour.
Ma fille a vu les service sociaux. Je les ai accompagnés. Le lendemain j'ai été auditionnée pendant plus de deux heures. Le lendemain j'ai pris les rendez-vous chez l'avocat. Ma fille a reçu sa convocation devant le juge des enfants, ainsi que le coup de téléphone du service social pour aller voir le petit. Dans l'urgence il a fallu constituer le dossier d'aide juridictionnelle.
Le lendemain, rendez-vous chez l'avocat qui lui a annoncé qu'il a été chercher le dossier auprès du juge. Il nous en a fait lecture. Il n'y a rien dedans à part l'hématome sous-dural et une légère hémorragie rétinienne.
Il est apparemment impossible de dater l'hémorragie sous-durale. Pas de bleu, d'hématomes, de fractures... Ils ont souligné qu'il était suivi régulièrement par la PMI et que, lors des vomissements un mois auparavant, elle avait vu un médecin. Elle avait ensuite consulté les urgences pédiatriques deux fois en une soirée avant d'avoir été renvoyée chez elle.
L'avocat leur à annoncé qu'ils n'étaient pas accusés. Qu'est-ce que vous répondez ? Elle leur a expliqué que c'est un principe de précaution, qu'ils n'espèrent pas qu'on leur rendent leur fils de sitôt...
Elle va soumettre au juge qu'il soit placé chez moi. Elle m'a demandé de rédiger un courrier et d'être là le jour de l'audience au cas où le juge voudrait me voir. J'ai fini le rendez-vous seule car les parents devaient aller voir leur fils à l'hôpital.
Il fallait ensuite faire deux dossiers d'aide juridique, donc rebelotte, la tête dans la paperasse...
J'essaie de les soulager autant que possible... Le soir, ma fille était triste et en colère... Lors de la visite, le psychologue et la travailleuse sociale leur ont demandé d'expliquer à leur bébé pourquoi il était à l'hôpital...! Ma fille s'est braquée, comment peut-elle expliquer à un bébé de trois mois ce qu'elle comprend pas ? N'est-ce pas aux médecins de trouver les causes réelles au lieu d'accuser les parents sans preuves ?
On lui a ensuite expliqué que si l'enfant vivait mal les rencontres, ils pouvaient réduire les visites à 30 minutes... Alors que ça fait huit jours qu'on lui dit à chaque coup de téléphone qu'il pleure beaucoup !! Ma fille a préféré les ignorer et s'est occupée de son bébé...
Le lendemain j'ai du redéposer mon courrier chez l'avocat, déposer les dossiers d'aide juridique chez ma fille qu'elle devait remettre avant 17h sinon c'était trop tard...
J'ai pris les renseignements pour les crèches, car si mon petit-fils m'était confié, il va falloir gérer rapidement. Comme je travaille et que le juge peut soulever la question, je devais me renseigner...
Il a fallu gérer le trop plein de mon gendre qui parlait de se suicider parce qu'il n'en pouvait plus...
Tout cela en continuant d'être une maman, ce que je néglige depuis deux semaines pour mes plus petits, en allant faire ma journée de travail...
Je sature complètement, je suis épuisée physiquement et moralement.