Yoan et Sabrina ont été séparés abusivement de leur fille Louna pendant plus de trois ans après que des médecins ont fait un diagnostic erroné de maltraitance. Louna était en fait atteinte, comme sa mère, d'une maladie génétique qui cause des hématomes. Yoan et Sabrina ont témoigné dans l'émission Dans les yeux d'Olivier, sur France 2, le 29 août 2017, et disponible ici. Ils ont créé une page Facebook et leur histoire a été médiatisée à de nombreuses reprises depuis plus de deux ans:
- 2015 : Europe 1, Closer, Le Républicain Lorrain, Ouest France, France 3, 19/20
- 2016 : L'Est Républicain, France Bleu, Closer Mag
- 2017 : Courrier Picard, L'Express, France Bleu, Le Parisien, Le Progrès, LCI, M6 Info, France 2, le 13h
Leur témoignage, très touchant, comporte tous les éléments que nous avons vécus et que nous dénonçons.
D'abord, des médecins qui refusent de prendre en compte des maladies rares (pourtant ici évoquées dès le départ par des parents qui n'ont pas été écoutés). Des médecins qui préfèrent accuser immédiatement les parents de maltraitance au lieu de faire tous les examens nécessaires. Des médecins qui préfèrent séparer des enfants malades de leurs parents au lieu de les soigner.
Un signalement va être émis par un médecin du CHU. On aura beau la mettre sur la piste de la maladie orpheline que Sabrina a, elle n’en tient pas compte. (...) On nous a posé la question des antécédents familiaux. La première chose que j’ai dite, c’est que j’étais atteinte de cette pathologie et qu’on ne pouvait pas l’écarter. Sauf qu’on ne nous a pas écoutés. Ils sont méprisants. On va les solliciter en disant, c’est bizarre ça ressemble quand même à la maladie de Sabrina, il faut peut-être faire le nécessaire parce que sa vie est en jeu. « Monsieur, il faut arrêter maintenant avec ça, c’est pas ça. » (...) Les médecins ont refusé que le médecin traitant Sabrina pour sa maladie vienne au chevet de Louna : « il y a conflit d’intérêt ». Parce que ce médecin suivait Sabrina, il aurait pu être de connivence avec nous. (...) La seule manière de savoir si Louna a cette maladie, c’est de faire une prise de sang. Or cette prise de sang, on ne lui fera jamais.
Des agents de police qui essayent de soutirer de faux aveux lors des gardes à vue, en suggérant des "histoires" et en incitant les parents à avouer des faits imaginaires.
Louna ne reçoit alors aucun traitement pour cette maladie qui pourrait lui être fatale. Et en plus de cela, le couple apprend que le procureur a été saisi pour suspicion de violence envers l’enfant. La police vient chercher Sabrina et Yoan pour les mettre en garde à vue. « Ils essaient déjà d’avoir des aveux dans la voiture en me disant, écoute, dis-moi ce qu’il s’est passé, tu as fait une connerie. Sinon, dis-nous que c’est ta compagne qui l’a fait tomber accidentellement. A la limite, même si ce n’est pas ce qu’il s’est passé, nous on clôture notre dossier, ils vous retireront Louna six mois ou un an, et puis ce sera accidentel.
Des fonctionnaires qui ne veulent rien entendre :
Ils me disent que je suis coupable, qu'il va falloir que j’avoue, que de toute façon, je vais partir en détention provisoire et que je vais me faire fracasser en prison parce qu’on n'aime pas trop les personnes qui tapent les enfants. (…)
Ils me sortent une planche de photos de Louna entubée, avec l’oedème de la face, et ils me les mettent devant.
« Vous allez pas nous faire croire que c’est une maladie qui a fait ça. C’est des coups ! »
« Non, on n’a jamais fait du mal à notre fille, c’est inimaginable ! »
« Arrêtez votre baratin, on sait très bien ce que vous avez fait. »
« Il y a cette pathologie ! Pourquoi il n’y a personne qui cherche cette pathologie ? »
« Arrêtez, c’est pas cette pathologie, tous les examens démontrent que vous avez porté des coups. »
On demande des nouvelles de Louna, ils ne répondent pas.
« Ça vous intéresse maintenant la santé de votre fille ? Pourtant, jusque là ça ne vous dérangeait pas de la violenter. »
Des magistrats qui agissent au plus vite et n'écoutent pas les parents.
Yoan est dans un véhicule de police, je suis dans un autre. On est menottés comme des criminels. C’est l’humiliation. On passe devant 50 personnes devant le tribunal, les mains attachées dans le dos. On va devant ce substitut du procureur qui est très désagréable. Il me pose la question : « Vous n’avez rien à me dire ? ». « Je n’ai rien à vous dire. » « Bon, eh bien vous êtes repartie pour 24 heures. » Et on repart.
Des services sociaux qui font tout pour exclure les parents de la vie de leur enfant.
Le procureur prend la décision de placer Louna pendant six mois en famille d’accueil. On sait dorénavant que Louna, quand elle ressortira de l’hôpital, elle ne ressortira pas avec nous. On est tellement démunis qu’on ne sait pas quoi faire. On ne sait pas quand on va la revoir. Pendant un mois, on ne revoit pas notre enfant et on n’a pas de nouvelles. On ne sait pas comment elle va. (...) [Lorsqu'on la revoit en famille d'accueil], on est même un peu perdus. Ça bouleverse tellement de voir sa fille avec d’autres personnes. On avait l’impression que Louna s’éloignait de plus en plus de nous, que c’était nous la nounou pendant une heure et que eux devenaient les parents. C’était insupportable. Je souhaite à personne de passer par cela, c’est un déchirement. Je lui disais « papa et maman vont te récupérer, tu vas bientôt rentrer avec papa et maman. » L’assistante sociale et la famille d’accueil débarquaient alors dans la salle en disant : « Arrêtez de lui promettre ça, c’est pas vrai. Vous n'avez pas le droit de lui dire ça. Arrêtez maintenant. » On était coupables. Il y avait pas de doute pour eux.
Et puis, le moment où les parents décident de se battre de toutes leurs forces. Le moment où ils décident de faire faire eux-mêmes la prise de sang qui pourrait les exonérer. Prise de sang qui démontre que la maladie, dont la mère est atteinte, touche aussi l'enfant. Maladie qui explique totalement les symptômes...
« On profite que les droits s’étaient élargis pour emmener Louna faire une prise de sang. Le couperet tombe : Louna est porteuse de l’angioedeme neurotique héréditaire de type 1. Le médecin fait un rapport à l’ASE en les alertant pour que Louna ait le traitement d’urgence. Quelques jours après avoir reçu les résultats, on passe devant le juge des enfants. Le jour de l’audience, le juge des enfant ne tient pas compte de ce rapport et refuse de parler de la maladie. L’audience était déjà faite d’avance. On nous retirera en fait tous les droits envers Louna pour nous punir d’avoir fait la prise de sang. »
Il y a un temps pour encaisser les coups, et un temps pour les rendre.
« Louna est clairement en danger. Nous prévenons les services sociaux. On leur dit, maintenant il faut mettre en place le traitement. On nous répond, mais non, votre fille n’est pas malade. Alors qu’on leur apporte les preuves. (...) Ces résultats nous ont reboostés. On porte plainte contre l’ASE pour non assistance à personne en danger. Nous prenons contact avec la directrice de l’ARS qui va se rendre compte du danger, et qui va menacer l’ASE de poursuites pénales. Grâce à cela, on réussit à caler son traitement d’urgence. »
A ce moment-là, les parents prennent la bonne décision : celle de médiatiser. Ils embarquent leur enfant de force chez eux en contactant les médias au sujet de l'injustice qui les touche.
« On va se mettre hors la loi. On est venus sur les lieux de la visite médiatisée. On a pris Louna dans nos bras. On a expliqué qu’on allait à notre domicile. On en avait ras le bol et on récupérait notre fille ce qui était notre droit. On attendait la gendarmerie le soir même à notre domicile, qui n’est pas venue. » (…) Si personne n’est venu chercher Louna, c’est aussi parce que le jour même, Sabrina et Yoan ont décidé de médiatiser leur histoire. Devant un scandale annoncé, le juge des enfants décide de statuer plus rapidement sur la garde de leur fille.
Soudainement après la médiatisation, les magistrats deviennent beaucoup plus compréhensifs et rapides, traitent leur affaire en priorité. Finalement, grâce à leur combat, ils auront gain de cause et ils récupéreront leur enfant après trois années de placement abusif.
Aucune excuse, aucune explication de la part des médecins, magistrats, services sociaux et agents de police qui les ont détruits pour rien. Les parents portent désormais plainte contre tous les intervenants.
« On n’a reçu aucune excuse. Ces administrations ont un peu de fierté, et ces excuses elles ne les feront pas. Ces personnes nous ont enlevé ce qu’il y a de plus cher quand on est parents. De connaître le premier mot de son enfant. De savoir le premier jour où son enfant marche. De faire sa première rentrée d’école avec elle. De pouvoir faire ce que tout parent peut faire avec son enfant. (...) On ne pourra pas passer à autre chose, on ne pourra pas tourner la page tant que l’on n’aura pas attaqué toutes ces personnes qui nous ont fait du mal. Quand on voit ce qu’on nous a fait subir, on ne peut plus refaire confiance. C’est une très dure épreuve, autant pour les enfants que pour nous. (…) Louna souffre de choc post-traumatique après avoir passé 3 ans et demi sans ses parents. Elle a énormément de troubles qu’il va falloir prendre en charge. »
Pour cette petite fille qui n’avait rien demandé à personne et qui a été si injustement privée des siens, Yoan et Sabrina tiennent à mener leur bataille en espérant que leur histoire fasse jurisprudence et que de telles erreurs ne se reproduisent plus.
Cette situation n'a rien d'exceptionnel, puisque tous les parents de notre association l'ont aussi vécue. Ce qui est hors du commun dans cette histoire, c'est la détermination des parents qui leur a permis de faire connaître cette situation. Ce serait une erreur que de croire que le cas de Louna est isolé : il y a des milliers de Louna en France. Des enfants malades qui, au lieu d'être soignés, sont arrachés à leurs familles.
Cette situation est banale et généralisée, et c'est pour que ces injustices cessent que nous avons créé notre association.