La presse britannique relate l'histoire d'un jeune couple de parents, Craig et Carla, 23 ans, dont la fille Effie a été placée abusivement pendant neuf mois suite à un diagnostic erroné de syndrome du bébé secoué.
Lorsqu'elle avait cinq mois, l'enfant a été hospitalisée et diagnostiquée avec le syndrome du bébé secoué suite à la découverte d'un hématome sous-dural, d'hémorragies rétiniennes, et de lésions cérébrales (la "triade"). Effie a été placée et les parents ont été arrêtés par la police.
L'enfant était née prématurée et avait eu une santé très fragile depuis sa naissance. Les médecins, consultés à 17 reprises au cours des 3 premiers mois de vie, n'ont jamais rien trouvé jusqu'au diagnostic de "secouement". Au cours des investigations, la mère a fait des recherches sur Internet et elle a découvert le syndrome d'Ehlers-Danlos, qui semblait fortement correspondre à Effie et à elle-même. Des tests génétiques ont été réalisés et il est apparu que la mère et l'enfant souffraient toutes les deux de ce syndrome.
Le syndrome d'Ehlers-Danlos est associé à des anomalies du tissu conjonctif qui favorisent des saignements et des hématomes pouvant être pris à tort pour des signes de maltraitance. Il est reconnu dans la littérature que ce syndrome peut être pris à tort pour le syndrome du bébé secoué.
Cependant, suite à la découverte de la maladie, les parents n'ont pas récupéré Effie qui était sur le point de partir à l'adoption. Finalement, lors d'une audience, le juge a recueilli les témoignages de plusieurs médecins et a pris la décision de rendre l'enfant à ses parents, considérant que la maladie avait pu causer les symptômes et qu'il n'y avait pas d'arguments en faveur d'une maltraitance (tous les rapports sociaux étant positifs).
Il est intéressant de noter que, parmi tous les médecins témoignant dans cette affaire, un seul défendait la position que la maladie n'avait pas pu provoquer les symptômes et que le bébé avait du être violemment secoué. Ce médecin, radiologue britannique, est un spécialiste national du syndrome du bébé secoué. Il a témoigné dans plus de 850 affaires de bébé secoué au cours de sa carrière. Ce comportement étrange correspond à celui de certains de nos médecins légistes qui ne prennent pas en compte les maladies provoquant les symptômes.
Citons le Daily Mail:
De manière fondamentale, la décision du juge pourrait mettre en évidence la manière dont des parents innocents sont accusés à tort de secouement. Rioch Edwards-Brown, un défenseur de familles accusées à tort, craint qu’il y ait eu un grand nombre d’erreurs judiciaires basées sur l’opinion des médecins et des assistantes sociales plutôt que sur des preuves concrètes.
En attendant, William Bache, l’avocat du père d’Effie et consultant au cabinet d’avocat GT Steart, dit: « L’affaire d’Effie démontre un problème que j’ai vu bien trop souvent. Des parents consultent à l’hôpital au sujet de leur bébé malade. Si les symptômes ressemblent à ceux du syndrome du bébé secoué, il y a une réaction irréfléchie aboutissant à un diagnostic de maltraitance. »
« Il n’y a alors plus d’investigations médicales sur les autres raisons possibles pour les symptômes. C’est une vision étriquée qui peut laisser des enfants sans soins ou même morts. »
De manière significative, la Cour d’Appel a estimé qu’à cause de la controverse autour du syndrome du bébé secoué, une condamnation ne devrait jamais être faite s’il y a des opinions médicales contradictoires. Il devrait y avoir une preuve irréfutable des violences.
Cependant, dans le monde secret des tribunaux pour enfants, où les décisions sont faites sur des probabilités, des centaines de parents chaque année perdent leurs enfants qui sont placés ou adoptés malgré le fait qu’ils proclament leur innocence.
Bien qu’ils soient totalement innocentés, Craig et Carla disent qu’ils ont été effarés de constater qu’ils n’ont jamais reçu la moindre excuse de la police, des médecins, ou des assistantes sociales.
Hier, Craig a dit: « Nous avons raté les premiers mots de notre enfant, son premier Noël ensemble. Nous ne récupérerons jamais ces instants précieux. Mais parce que le juge nous a permis de médiatiser sur notre affaire, nous espérons que cela puisse aider d’autres parents accusés à tort d’avoir secoué leur bébé. »
Sources (en anglais) :