Richard Britts, un Américain accusé d'avoir secoué son bébé, a passé deux ans en prison après avoir fait de faux aveux. Il a finalement été libéré et exonéré lorsqu'il a été montré que l'enfant avait une maladie rare. La professeure de droit Deborah Tuerkheimer a publié dans son livre des extraits de son interrogatoire montrant les processus psychologiques complexes pouvant conduire une personne innocente interrogée par la police à faire des déclarations interprétées à tort comme des aveux.
L'enquêteur s'adresse à Richard :
"Personne ne doute de ton amour pour ta fille. Je comprends. J'ai aussi des enfants et je les aime. Jamais je ne leur ferais de mal, mais parfois ça arrive. C'était un accident. Un moment, tu pètes les plombs. Tu étais énervé à propos de quelque chose, tu as pris ta fille et tu l'as secouée."
"Non, je n'étais pas en colère du tout."
"J'espère, Richard, je n'ai pas envie que tu me dises que tu as délibérément secoué ton bébé, je n'en ai pas envie du tout."
"Je ne l'ai pas secouée. Je ne lui ai rien fait !"
L'enquêteur montre à Richard les images du scanner. "Ce qu'on voit, c'est la preuve que le bébé a été secoué."
Richard réfléchit à quel geste il aurait pu avoir qui aurait pu provoquer ces lésions.
"Un moment je lui ai fait un massage cardiaque, c'est peut-être ça ? J'ai mis mes mains sur elle ?".
L'enquêteur rejette cette possibilité.
"Non, Richard, cela ne provoque pas ces lésions."
Il reprend.
"Voici ce que je crois, Richard. Je crois que tu étais en train de t'occuper de ta fille. Tu es la seule personne responsable de ses blessures. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Je te donne l'opportunité de me le dire. Les médecins disent que le bébé a eu un traumatisme, d'accord ? Tu comprends, ils ont fait un scanner, et ils ont la preuve que ton bébé a été secoué."
"J'essaie de réfléchir. Peut-être elle s'est cognée la tête ?"
"Non, Richard, cela ne provoque pas ces lésions. Se cogner la tête ne provoque pas le syndrome du bébé secoué."
Peu à peu, Richard commence à se rendre à l'évidence.
"Quel genre de geste... ? Secouement... ? Oh mon dieu. Je lui ai peut-être secoué un peu la tête quand elle ne répondait plus. Elle était sur le lit, allongée. Elle ne bougeait plus. Je n'ai pas réfléchi, j'ai essayé de la réveiller... Je l'ai fait, hein, j'ai essayé de la réveiller, je l'ai fait ??"
"Je sais pas, Richard, je n'étais pas là. Saniya ne peut pas nous dire. Tout ce qu'on sait, c'est que les images de son cerveau nous disent qu'elle a été secouée... Et il n'y avait qu'une seule personne avec elle à ce moment-là..."
"Et cette personne, c'est moi... Mon dieu... Ecoute, j'étais en panique, je me suis peut-être pas rendu compte... Je n'ai pas fait exprès. J'adore mes enfants. Demandez à n'importe qui ! C'est mes enfants d'abord. Je ne leur ferais jamais de mal, jamais. Ce n'est pas moi. Oh mon dieu, j'espère que ce n'est pas moi qui lui ai fait du mal... Je sais que tout le monde m'accuse. J'étais la seule personne avec elle... Mais je ne secouerais pas mon bébé comme ça. C'est ce que j'essaie de te dire. Je dis la vérité. Je ne secouerais jamais mon enfant. Pourquoi j'aurais fait ça alors qu'elle dormait ?"
"Je sais pas, Richard, je n'étais pas là... Je peux juste te dire qu'on a un bébé secoué... Je ne dis pas que c'était délibéré. C'était assez violent pour causer de sérieuses lésions..."
"Mais avec quelle force il faut secouer le bébé pour causer des lésions ? Je l'ai juste secouée doucement pour tenter de la réveiller. Je n'essayais pas de lui faire du mal. Excuse-moi, j'essaie de ne pas pleurer..."
Il reprend.
"Je regardais un film. J'étais allongé sur le canapé. Tout était calme et silencieux à part le film. Un moment j'ai entendu un bruit venant de mon bébé, on aurait dit qu'elle s'étouffait. Elle était toute molle. J'ai commencé à paniquer. Ca s'est passé comme ça j'en suis sûr."
"Elle s'est étouffée parce que tu l'avais secouée."
"Ah non, non."
"Il n'y avait pas de blessure avant le secouement, tu comprends ? Elle allait bien."
"Je comprends ce que tu me dis."
"Elle n'avait pas de problèmes médicaux avant, n'est-ce pas ?"
"Elle haletait."
"Parce qu'elle avait été secouée."
"Non non, pas du tout."
"Si, Richard, c'est ce qu'il s'est passé."
"Écoute, je ne peux rien te dire de plus. Je suis un homme, j'accepterai la sentence. Mais je n'admets pas ce que je n'ai pas fait. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Écoute, je ne veux pas que ma femme perde la soeur de Saniya à cause de ça. Je n'ai pas envie d'aller en prison pour quelque chose que je n'ai pas fait. Je n'ai pas de réponse, OK ?"
"Ecoute, Richard, il faut que tu expliques ce qu'il s'est passé. C'était un accident, ça t'est arrivé, il faut l'avouer clairement. Ce bébé a été secoué, c'est une certitude, d'accord ? Je comprends, ce n'était pas intentionnel, c'était un coup de folie qui arrive à tout le monde. Il faut du courage pour admettre que tu as fait une erreur."
"Non mais il n'y a pas de courage à avoir. Je vais juste dire que c'est obligé que je l'ai fait, mais je ne sais pas ce que j'ai fait... C'est tout ce que je peux dire... Ecoute, je ne sais pas quoi dire d'autre. Je ne peux pas admettre quelque chose que je n'ai pas fait. Cela fait des jours que je réfléchis à ce qui a pu se passer, à ce que j'ai pu faire qui a blessé ma fille. Si c'est moi, je m'en voudrais à jamais."
Le détective essaie de faire dire à Richard qu'il était en colère ce jour-là. Mais Richard dit qu'il avait joué avec elle comme d'habitude et qu'il n'était pas du tout énervé.
"J'ai joué avec elle comme d'habitude. Je me suis allongé sur le dos et je l'ai prise dans mes bras, en l'air. J'ai joué avec ses pieds, je les ai secoués un peu en jouant, elle riait. Je te jure que c'est exactement ce que j'ai fait."
Le geste que mime Richard ne correspond pas au geste du SBS. Le détective le reprend.
"Richard, ça ne correspond pas. Tu l'as prise sous les bras et tu l'as secouée d'avant en arrière."
"Non non. Je lui ai fait un massage cardiaque quand elle ne respirait plus, c'est peut-être ça ?"
"Non Richard, non."
"Parce que ça tête bougeait un peu..."
"Richard, la blessure a eu lieu avant le massage cardiaque, d'accord ?"
Ils reviennent au moment où Richard jouait avec son enfant.
"Richard, tu as du avoir des gestes très violents quand tu jouais avec elle."
"Non non, ce n'était pas violent du tout. Pourtant, il n'y avait personne d'autre, c'est forcément ma faute ! Oh mon dieu... Je m'en veux terriblement... Je veux parler à ma femme. Je veux lui dire que ça ne peut être que moi..."
"Je pense qu'elle le sait déjà. Il n'y a pas de doute. Mais ce que tu décris ne correspond pas..."
"Je sais, et pourtant c'est la vérité. Il faut vraiment que je parle à un médecin pour savoir si en jouant avec elle j'ai pu lui causer ces lésions. Je ne sais pas quelle force il fallait avoir pour lui faire du mal. Je sais pas..."
"C'était forcément très violent."
"Mais elle souriait, elle riait quand je jouais avec elle. Je ne sais pas quoi dire d'autre..."
"Richard, c'est ta dernière chance pour m'expliquer ce qu'il s'est réellement passé parce que ton explication ne tient pas la route. Ca va te bouffer toute ta vie si tu n'admets pas ce que tu as fait..."
"Mais il n'y a rien à avouer. Vraiment. Je veux vraiment parler à ma femme s'il te plaît."
"Bientôt, Richard."
"Qu'est-ce qu'il va m'arriver maintenant ?"
"Le procureur va qualifier les faits. Mais la réalité, on la connaît, elle se lit dans les images du cerveau de Saniya qui nous disent qu'elle a été secouée."
"Si elle meurt, je veux la peine de mort. Je veux, mon dieu je veux juste mourir."
"Ne sois pas surpris s'ils t'accusent d'avoir battu ton enfant."
"Je sais."
"D'accord ? Parce que j'ai essayé de tout t'expliquer.... Je ne t'ai rien caché. J'ai été aussi honnête que possible. Mais on sait que ces lésions sont là. On sait que c'est un traumatisme violent, on sait que ça s'est passé quand tu gardais ton enfant. Les choses sont ce qu'elles sont. On a cette certitude. Maintenant tu as essayé de donner une explication, je te concède qu'elle est plausible, mais ça ne...
"... Ca ne correspond pas aux images. Je sais."
"Pourtant, tu sais ce qu'il s'est passé."
"Non, vraiment, je n'ai vraiment rien de plus à dire. Je sais pas."
Sources :